Rentrée littéraire automne 2012 « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka 1


L’entre deux guerres, un bateau quitte l’empire du Levant, traverse l’océan Pacifique pour San Franscisco en Californie, avec à son bord de très jeunes nipponnes vierges (la plus jeune a 12 ans ) promises à des japonais exilés aux U.S.A.

Dès le départ la violence s’invite sur le bateau…à l’arrivée la désillusion est totale…les fiancés ne sont pas les « cols blancs » des photos, mais des pauvres paysans aux manières brutales et machistes…Ces jeunes femmes se heurtent à l’incompréhension de la langue, à la méconnaissance des moeurs, à la rudesse de l’hiver, à la pénibilité du travail…à la xénophobie…

Déçues par le rêve américain, les jeunes femmes japonaises fondent leur espoir sur leurs enfants. Elles disparaissent pour devenir « INVISIBLES » afin que leurs enfants s’intègrent dans ce nouveau pays.

En 1941, les Etats Unis entrent en guerre. Dès lors, les immigrants japonais sont considérés comme des espions. Ils sont victimes de brimades, de vols, de délation, puis seront déportés et internés dans les camps des états d’UTAH, du WYONNING, d’IDAHO, soumis à des travaux forcés; « Nous portions tous une étiquette blanche avec un numéro d’identification attachée à notre col ou  au revers de notre veste ». (contrairement aux Juifs déportés, les japonais, eux, reviendront des camps).

[Julie OTSUKA] utilise le pronom « Nous » qui peut dérouter le lecteur au début du roman, car toutes ces femmes mêlent leur voix pour raconter leur souffrance, leur détresse, leur destin en un seul choeur. C’est une complainte émouvante, envoûtante, déchirante; c’est un vibrant et magnifique hommage à l’adresse de ces jeunes femmes à la fois révoltées, résignées, silencieuses…

Pour terminer, il est utile de  rappeler que cette histoire de déportation a longtemps été occultée aussi bien de la mémoire des familles japonaises que de l’Histoire des Etats Unis…

Julie otsuka 2

Bio Express

Née en 1962 en Californie; diplômée en art, 1er Roman « Quand l’Empire était un dieu » (histoire des camps où furent parqués les américains d’origine japonaise après » Pearl Harbor ».


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Commentaire sur “Rentrée littéraire automne 2012 « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka

  • Danielle Allouis

    JULIE OTSUKA a obtenu le prix FEMINA du meilleur roman étranger pour ce roman. La traduction était assurée par Carine CHICHEREAU.

    Pour restituer cette Odyssée méconnue,bouleversante, douloureuse,Julie OTSUKA a effectué d’importantes recherches historiques.

    Le déracinement, l’arrachement du pays est toujours une souffrance qui se transmet de génération en génération.

    Le style narratif de Julie OTSUKA combine avec talent objectivité et sensibilité.

    Au-delà de cette fresque de l’HISTOIRE américaine occultée, ce roman est une réflexion sur la condition humaine…

    Julie OTSUKA a également obtenu le prix « PEN/FAULKER-AWARD » for fiction aux ETATS UNIS.