Passeurs de poèmes : un choix de Véronique (F) 2


Armor

Pour me conduire au Raz, j’avais pris à Trogor
Un berger chevelu comme un ancien Évhage ;
Et nous foulions, humant son arome sauvage,
L’âpre terre kymrique où croît le genêt d’or.

Le couchant rougissait et nous marchions encor,
Lorsque le souffle amer me fouetta le visage ;
Et l’homme, par-delà le morne paysage
Étendant un long bras, me dit : Senèz Ar-Mor !

Et je vis, me dressant sur la bruyère rose,
L’Océan qui, splendide et monstrueux, arrose
Du sel vert de ses eaux les caps de granit noir ;

Et mon coeur savoura, devant l’horizon vide
Que reculait vers l’Ouest l’ombre immense du soir,
L’ivresse de l’espace et du vent intrépide.

José-Maria de HEREDIA

imagesarmor


Répondre à Christian Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

× 2 = 12

2 commentaires sur “Passeurs de poèmes : un choix de Véronique (F)