Du 15 au 17 septembre 1911, Bourges accueille les fêtes régionalistes immortalisées par l’éditeur de cartes postales Eugène Maquaire. L’époque est à l’exaltation des « petites patries » retour en force de l’histoire locale à l’école, renouveau de la danse et de la musique folkloriques, floraison de la littérature régionaliste.
C’est sous l’impulsion du sculpteur Jean Baffier que la capitale du Berry est choisie pour le rassemblement annuel de la fédération régionaliste française.
Les journées comportent des séances de travail à l’hôtel de ville, des repas et vins d’honneur plantureux et des défilés à travers la ville. Les débats, rapportés par le Journal du Cher, montrent bien la diversité du camp régionaliste : tout le monde plaide pour « l’unité dans la diversité » et la revanche contre l’Allemagne, mais une ligne de fracture très nette sépare les nostalgiques des provinces d’Ancien Régime des républicains, qui voient dans les régions une économie d’échelle par rapport aux départements et prétendent continuer l’œuvre de la Révolution française par la décentralisation.
Jean Baffier est le grand ordonnateur du cortège du dimanche 17 septembre où s’illustrent les « gâs du Berry », avec leurs vielles et cornemuses. Le char du blé, tiré par des bœufs, précède celui de la forêt, escorté par des bûcherons d’Allogny. Le char de la Loire en deuil fait allusion à la disparition progressive du transport fluvial. Des délégations d’Auvergne, de Bretagne, d’Alsace-Lorraine, d’Anjou, du Limousin, défilent sous les acclamations de la foule. La ville est pavoisée et le grand Magasin de la place Planchat adapte sa publicité au patois : « Cé aux Dames de France qu’les gâs du Berri y v’mont s’habiller et cé la itou qu’les gentes fumelles à m’nont s’coueffer ».