J’aimerais revoir Callaghan / Dominique Fabre / Fayard 2010
Qui n’a pas eu dans sa classe un garçon un peu à part, un peu mystérieux, dont la personnalité titillait notre imaginaire et nous attirait sans qu’on en sache bien la raison ?
Callaghan est de ceux-là.
Le narrateur l’a rencontré dans une boîte à bachot de la banlieue parisienne. Avec son accroche-cœur sur le front, ses yeux bleus perdus dans des ailleurs, Callagher c’est celui qui offre des clopes, du whisky, quelquefois pire, avec qui on va voir les filles du pensionnat d’à côté, avec qui on écoute Deep Purple à fond, puis qui se fait la paire par le trou du grillage au fond de la cour et qu’on cherche partout, celui qui part en Angleterre dire un dernier bye-bye de fils aimant au père alcoolo, puis qui revient en France , pays de la mère qui vit là bas, avec l’autre. Un jour il faut la rejoindre à Toulon et puis la trace de Jimmy disparaît, balayée par le temps.
« Puis le monde humain reprend le dessus avec ses choses à faire, avec les histoires à dormir debout qu’on se raconte pour continuer sa vie et la rêver quand même ».
20 ans plus tard, place Daumesnil, il y a un SDF sur un banc avec une grosse valise et la pluie qui tombe. C’est Calla. Dans la valise, toute sa vie passée, du moins ce qui en reste, un trop plein de Mont-de-Piété et puis de pauvres trésors. Le narrateur, lui, est à ce moment-là un SDF du cœur que son amour a congédié.
Mais j’allais tout vous raconter alors qu’il n’y a rien à raconter, que le livre ne dit que des riens essentiels qui font la vie et qui s’allument, indélébiles, au fond de la mémoire.
Un livre touchant, écrit dans un style épuré et pudique, qui parle d’amitié qui dure et d’amour éphémère.
Outre une dizaine de romans et recueils de nouvelles, Dominique Fabre a aussi publié « avant les monstres« , recueil de poêmes qui font écho au livre ci-dessus.