Archives du jour : 24 novembre 2008


Retour sur le spectacle « Frère animal » aux Bains-Douches de Lignières 8

 

(Florent Marchet lors d'un concert précédent, source site officiel)

Samedi dernier 22 novembre 2008, salle comble pour le chanteur natif de Lignières Florent Marchet, invité par son père Jean-Claude au théâtre des Bains-Douches, afin de présenter sur scène son dernier opus collégial co-écrit avec le jeune écrivain Arnaud Cathrine : « Frère animal » fut en live aussi enthousiasmant que sur livre-disque (sorti en mars dernier aux éditions Verticales-Galllimard), et toujours aussi pertinent vu la crise financière et économique actuelle (la reprise très réussie d’une chanson du pionnier et maître de cette nouvelle chanson française, Dominique A, intitulée « Le Travail », était un joli clin d’oeil d’ailleurs)…

Claude Gassian)

(droits photo : Claude Gassian)

Coup de coeur donc, pour la dernière fournée du tandem littéraire et musical (local*) Cathrine-Marchet : « Frère animal » est encore, un an après « Rio Baril » (Barclay, 2007), un pur chef-d’oeuvre d’écriture sonore, et un concept-album qui s’écoute chronologiquement, comme on lirait un roman (le projet était d’ailleurs un livre écrit à 4 mains à la base, transformé depuis en album musical… … … et bientôt adapté en film selon mes sources) ; chaque chanson est comparable à un chapitre et donne une description au cordeau de la vie du héros (ou plutôt anti-héros ici) – Thibaut, 20 ans – et des autres protagonistes (sa petite amie Julie, son père Jean, son faux-ami Benjamin et son faux-frère Renaud, sans oublier le très émouvant pré-retraité Maxime, ou encore le D.R.H. de l’entreprise locale…).

Après la vie d’un village paumé (« Rio Baril »), place cette fois à l’usine, au chômage et aux plans marketing foireux d’une population provinciale, vouée corps et âme à la « Mère nourricière » SINOC (Société Industrielle Nautique d’Objets Culbuto… ) qui nourrit 600 petits : ouvriers, chefs d’ateliers, DRH, manutentionnaires, etc… … … et qui draîne toute l’économie de la ville anonyme, située à au moins 300 km de la mer (embêtant lorsque l’on sait que l’usine fabrique du mobilier pour les bateaux !!!).

 L’hyperréalisme, la noirceur, le cynisme (ou la lucidité à toute épreuve, au choix), mais aussi la poésie et l’humour décalé des auteurs de « Rio Baril » sont toujours présents dans cette sorte de « comédie musicale » sinistre et très contemporaine sur le thème des rapports sociaux et de l’entreprise.

Petit extrait représentatif,  avec la chanson n° 7 « Reconnaissance de dettes » où Jean s’exprime dans un monologue, à travers la plume sublime et la voix d’Arnaud Cathrine : « (…) Lorsque mon père est parti à la retraite, il a eu l’air très soulagé. Il a même vendu sa mobylette. J’ai saisi ma chance comme on échappe de peu à un accident de la route. Les offres d’emploi à la SINOC se répandaient comme une odeur de friture dans tous les foyers. Développement international oblige. J’ai eu de la chance. Merci au passage à mon professeur de math (un sacré connard par ailleurs) : j’avais obtenu un beau CAP de justesse, « technicien de la matière plastique »… … … Alors voilà : j’ai rempli laborieusement la fiche de recrutement d’une main honteuse, serrant le stylo-bille entre mes doigts patauds et boudinés comme si j’écrivais pour la première fois. Une semaine plus tard, entretien de dix minutes avec le DRH dans un bureau qui suintait le mépris, et hop, embauché… … … Un salaire à la hauteur de l’image que j’avais de moi, un travail répétitif mais un passeport pour la sérénité au Café des Marronniers. J’avais une situation et, qui plus est, ma sueur contribuait à l’épanouissement de la Mère. J’ai eu chaud. Aujourd’hui je suis intégré. Tout le monde me respecte. Je mets la main à la pâte, je peux subvenir aux besoins de ma petite famille, comme ils disent. J’ai même gagné en galon : chef d’atelier… … … Comme dit mon fils (qui a trouvé ça je ne sais où mais il n’a pas totalement tort) : « La résignation est la plus grande puissance spirituelle des bouseux ». Moi, je me suis battu, donné, accroché au jupon de la Mère, pour qu’elle ne m’oublie jamais, pour qu’elle me garde, me prenne dans ses bras, me caresse le front les jours où la fin du monde me semble inévitable… … … Je sais que ces ingrats, toujours eux, l’appellent Mère cynique. Je ne trouve pas ça du meilleurs goût (…) ».

Florent Marchet et Arnaud Cathrine font une nouvelle fois preuve d’une ambition qui va bien au-delà du simple produit de consommation : leur musique n’est pas simplement belle, elle a un rôle socio-politique et cathartique, en grattant là où ça fait mal, sur les méfaits de notre société moderne ; l’auditeur -s’il accepte l’idée – peut ainsi mieux regarder en face et mettre des mots sur les maux qu’il traverse parfois dans sa vie professionnelle et privée : n’est-ce pas là le but initial d’une oeuvre d’art, que de nous aider à voir notre époque avec le recul nécessaire ? C’est tellement rare qu’on fasse appel à notre intelligence et notre esprit critique de nos jours, profitons-en et remercions Florent et Arnaud…

Bruno Ripoche, source www.myspace.com)

(droits photo : Bruno Ripoche, source www.myspace.com)

Piano et synthés, guitares sèches et électriques saturées, banjo, ukulele, voix des différents protagonistes (dont celle sublime de la jolie Valérie Leulliot, ex-chanteuse et leader du groupe rock Autour de Lucie, avec laquelle j’ai eu le privilège de discuter après le concert de Lignières : inoubliable !) : voici pour l’instrumentation, toujours de qualité et aux arrangements somptueux…

(* : Florent Marchet est un musicien et chanteur né à Lignières en 1975 ; Arnaud Cathrine est un jeune écrivain né à Cosne-sur-Loire dans la Nièvre en 1973)

Une oeuvre inclassable, originale et dérangeante à découvrir absolument ! Notamment d’un simple clic sur le site  Myspace.com de « Frère animal » ou bien ici sur Youtube grâce au clip tragi-comique « La Chanson du DRH » (Florent Marchet et Arnaud Cathrine méritaient bien un article élogieux sur ce site, ils l’ont « bien mérité », ils ne l’ont « pas volé » !!!).

Tous les disques de Florent Marchet – « Gargilesse » (2004), puis « Rio Baril » (2007) et enfin « Frère animal » (2008) – sont disponibles à la médiathèque de Saint-Florent-sur-Cher, ainsi que « Si je connais Harry » (1993) et « La Mémoire neuve » (1995) – album sur lequel figure la chanson « Le Travail » – de son aîné Dominique A, n’hésitez pas à venir les découvrir…

 


Journées du livre de jeunesse – Bourges – 26 nov. au 6 déc.

Les Journées du livre de jeunesse (du 26 novembre au 6 décembre) à la Maison de la Culture de Bourges, ce sont : – 250 titres sélectionnés par les membres de l’association « Lire aux éclats » – une exposition des originaux de « L’Alphabet fabuleux » de Martin Jarrie – une rencontre avec […]


Que serait Google s’il avait été construit par des bibliothécaires ?

C’est la (très bonne) question que pose Hubert Guillaud (La Feuille) en référence à cet article, en anglais, de Read Write Web, annonçant une expérience inédite Reference Extract : « Reference Extract a pour but de construire un moteur de recherche où le poids des résultats ne serait pas déterminé par […]


MEDIATHEQUE MUNICIPALE DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 3

Emprunter un livre, une revue, un CD ou un DVD, consulter une encyclopédie, feuilleter un magazine sur place, demander un renseignement pour une recherche personnelle, scolaire ou bien professionnelle, mettre en page un compte-rendu de stage ou un CV sur un ordinateur, voir une exposition, ce sont là quelques possibilités […]