Réparer les vivants. Maylis de Kerangal. Editions Verticales.
C’est dense, compact, comme un coup de poing dans l’estomac.
Simon, 19 ans, rentre d’une virée en surf, un shoot d’adrénaline dans une mer glacée.
Déjà, on a l’intuition d’un rouleau compresseur qui brutalisera nos sens.
Et cette première vague, majestueuse, puissante, ne sera pas celle qui détruit c’est celle qui campe le récit dans une dimension cosmique.
Le mouvement, la géographie des corps, de l’espace sont déterminants dans l’univers de Maylis de Kerangal.
Au retour de cette virée, la camionnette percute un obstacle.
C’est l’urgence maintenant, tout est haletant, on suffoquerait presque tant elle nous emmène en courant dans les couloirs, ceux de l’hôpital, de l’intimité du corps, l’urgence des soins, et l’urgence des décisions.
Mort déclarée, vite encore plus vite, protocole de mise en place pour vider le corps de Simon de ses organes et toute cette course pour réfléchir, convaincre et puis….
Attendre, attendre un peu pour le garder encore…… Vivant.
On sort de ce livre, sidéré.
En apnée pendant des pages et des pages, on ne reprend son souffle qu’à la fin. Simon aura permis de réparer un enfant de 6 ans, une jeune adolescente de 17 ans et une femme de 50 ans.
Simon migre vers d’autres corps, non Simon est mort, ce sont seulement ses organes qui migrent vers d’autres corps qui occuperont une autre géographie, un autre espace.
C’est magnifique, porté par une écriture rythmée, précise et incisive.
C’est aussi un de mes grands coups de cœur de cette année : l’écriture magnifique, le sujet qui touche tout être humain…