Un texte de Virginie Linhart publié au Seuil en 2008
C’est d’abord le titre qui m’a interpellée… Et j’ai plongé, pensant à priori : « un livre de plus sur mai 68! »
Et bien , pas seulement… Essentiellement de l’émotion et ces questions qui taraudent l’auteur : comment et pourquoi un père militant, brillant, capable de haranguer des foules inombrables, au charisme reconnu de tous cesse subitement de parler, dans la sphère publique comme dans la sphère privée ? Comment les événements de mai 1968 ont bouleversé la vie des militants ? Comment les enfants de ces militants ont vécu cette période, entre liberté et insécurité . Et surtout, comment on se construit après de telles expériences ?
Un récit intense et des témoignages prenants qui m’ont donné envie de relire « L’établi » ( Ed. de Minuit)de Robert Linhart, ce père qui s’est tu.
Les établis, ces intellectuels militants qui s’embauchaient dans les usines dans les années 1970. Lui, c’était chez Citroën, porte de Choisy et son regard sur la chaîne, les pressions incessantes et la répression marque durablement l’esprit.
« Trois sensations délimitent cet univers nouveau. L’odeur : une âpre odeur de fer brûlé, de poussière de ferraille. Le bruit : Les vrilles, les rugissements des chalumeaux, le martèlement des tôles. Et la grisaille : tout est gris, les murs de l’atelier, les carcasses métalliques des 2 CV, les combinaisons et les vêtements de travail des ouvriers. Leur visage même paraît gris, comme si s’était inscrit sur leurs traits le reflet blafard des carosseries qui défilent devant eux. »
Livres à mettre en « tête de gondole » mais est-ce vraiment du passé?