A découvrir à la Médiathèque de Bourges : le physicien Sigaud de Lafond


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La Médiathèque de Bourges  présente, du 10 février au 2 avril, une exposition permettant de découvrir Joseph-Aignan Sigaud de Lafond (1730-1810), physicien berruyer  contemporain de Lavoisier et sa magnifique collection d’instruments, provenant de son cabinet de physique et de chimie expérimentale conservée au lycée Alain-Fournier de Bourges (actuellement Ecole des Beaux-Arts).

La physique a connu des avancées importantes sous la Renaissance avec de grands savants comme Galilée, mais c’est au XVIII ème siècle que la physique et surtout la chimie prennent leur essor et s’affranchissent définitivement de l’alchimie et de la théorie des éléments.

Joseph-Aignan Sigaud de Lafond est né le 5 janvier 1730, rue porte Jaune à Bourges. Après ses études à Bourges, Sigaud est répétiteur en mathématiques, puis démonstrateur de physique expérimentale au collège Louis-le-Grand et assiste aux cours de l’abbé Nollet. Il accompagne son maître dans les salons parisiens et découvre sa vocation : la physique et en particulier l’électricité. Fort de sa renommé, il est accueilli à bras ouverts au collège de Bourges en 1779. Sigaud donne des leçons publiques de physique et de chimie expérimentales à l’Ecole Centrale de Bourges dont le cabinet est alors très bien équipé. En 1803, il est nommé premier proviseur du lycée de Bourges qui fait suite à l’Ecole Centrale ; il quitte cette fonction en 1808, à l’âge de 78 ans. Il meurt le 26 janvier 1810, tout près de son cabinet et de ses salles de cours.

Avec  l’aide de son neveu Rouland, Sigaud améliore la machine électrique, construit des instruments pédagogiques comme ce magnifique « pyromètre à cadran » permettant de mesurer la dilatation des métaux grâce à un cadran vertical, s’interroge sur la possibilité de guérir les paralysies et les maladies mentales par l’électricité (ses travaux seront repris par Laennec), effectue, avec l’aide de Macquer, la synthèse de l’eau en 1776, sept ans avant Lavoisier, en réalisant la combustion du dihydrogène avec du dioxygène.

Lavoisier améliorera cette expérience en mesurant les volumes des réactifs gazeux et la masse d’eau formée, démontrant ainsi définitivement qu’elle n’est pas, contrairement à ce que l’on pensait jusqu’alors, un « élément primordial ».

Les travaux de Sigaud sont connus à Paris, mais aussi dans toute l’Europe ; il est membre de plusieurs académies, dont celles de Florence et de Saint-Pétersbourg.

Sigaud a beaucoup écrit : à partir de 1767, vingt-deux ouvrages en plusieurs volumes sont publiés durant trente-cinq ans, sans compter ses nombreux rapports aux Académies des Sciences. Les traités et dictionnaires de physique sont illustrés par des planches particulièrement travaillées.

C’est également un pédagogue innovant. Pour lui, la physique et la chimie sont avant tout des sciences expérimentales. Afin d’intéresser ses élèves, Sigaud leur montre des expériences spectaculaires et les aide à construire un raisonnement scientifique à partir de l’observation : « c’est en consultant l’expérience, l’esprit dégagé de tout préjugé et de toute opinion, qu’il convient d’interroger la marche de la nature ».

Le cabinet de physique laissé par Sigaud de Lafond était très fourni : l’inventaire de l’An III recensait deux cent quarante « machines ». Quelque quinze d’entre elles ont été retrouvées, patiemment restaurées et conservées par Monsieur Moreno, gestionnaire du lycée Alain-Fournier. Ces instruments exceptionnels sont exposés au musée Sigaud de Lafond, au sein de l’établissement.

Quant aux livres, certains sont conservés au lycée Alain-Fournier, d’autres à la bibiothèque de Bourges, place des Quatre-Piliers.

Plusieurs sont consultables sur les sites :

http://gallica.bnf.fr,
http://cnum.cnam.fr/RUB/fcata.html

ainsi que sur le portail Persée :
http://wwwpersee.fr/web/guest/home.

Le site complète l’exposition et son catalogue grâce à de nombreuses archives, à des fiches descriptives des instruments, ainsi que des vidéos des expériences.

Une conférence de Madame Christine Blondel, chargée de recherches au CNRS, aura lieu à la Médiathèque de Bourges, le samedi 13 mars 2010, à 15 heures : « La physique expérimentale de Sigaud de Lafond et autres démonstrateurs au XVIII ème siècle : au-delà du plaisir pour les Amateurs ».


Informations complémentaires : visites et expérimentations pour les enfants à partir de 7 ans samedi 20 février à 10 h.30 – pour tout public : samedi 20 mars et samedi 27 mars à 15 h. – Inscription à l’espace Jeunesse à partir du 13 février 2010 à la Médiathèque de Bourges  : 02 48 23 22 50

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