« Qu’est-ce que les gens qui vivent la nuit détestent le plus ? Ce qu’ils détestent le plus, c’est qu’on vienne frapper à leur porte en plein jour »
Justement, ce jour-là Célébrité dormait quand des coups ont retenti derrière la porte.
Célébrité est l’héroïne de cette tranche de vie. Vendeuse de cous de canards frits sur le seul marché nocturne de la ville, elle est à la tête d’un petit commerce qui lui permet de subvenir à ses besoins et d’envisager le futur de ses proches, et surtout de son neveu préféré. La nuit, tout est différent: la ville, les personnes et même la vie. Différent mais pas toujours meilleur….
Célé, comme tous l’appellent, est crainte pour son franc-parler. Et cette grande gueule, en connaît un rayon en matière d’affaires. Non seulement, elle occupe l’espace mais aussi manigance afin de diriger de façon indirecte la vie des autres et de protéger la sienne.Tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins.
Mais derrière cet aplomb, se cache une femme résignée qui ne s’autorise que les rêves accessibles.Une héroïne sans fioritures, pas pessimiste mais résignée, dont on partage les états d’âme, une femme toujours en action qui ne croit pas au hasard.
Chi Li nous entraîne à sa suite à la découverte d’un quartier , d’une rue de nuit dans une ville chinoise, la musique, les chants, les petites échoppes, l’alcool et les rencontres. Dans ce roman, les hommes sont faibles et paresseux, alors que les femmes vivent et rêvent encore un peu. L’auteur met en scène le quotidien d’une Chine qui change,comme une observatrice, sans jugement sans idéaliser ni dramatiser. Elle raconte les lourdeurs administratives, les problèmes des gens simples qui tentent de vivre décemment, la promiscuité liée aux difficultés de se loger. Son écriture fluide est parfois teintée d’ironie.
Et comme aime à le répéter Célé : »les cous de canard et l’alcool, plus il y en a, plus on a de bol » .
Le show de la vie / Chi Li .-Actes Sud, 2011.