Mina Agossi, voix de velours et de feu


Samedi 3 décembre, Noël avant l’heure : Mina Agossi chante au Guingois accompagnée par Eric Jacot à la contrebasse. Archie Shepp et Ahmad Jamel, parrains officiels (excusez du peu) de la chanteuse franco-béninoise ne se sont pas trompés : elle a tout d’une grande dame du jazz : une voix chaude et explosive associée à une technique vocale impressionnante lui permettant toutes les improvisations les plus osées : scats, onomatopées, claquements de langue, murmures, imitation pour un hommage humoristique à Louis Amstrong (elle a du coffre la petite Mina), même le son d’une trompette (si, si !!! pour une reprise de Chet Baker : There’s a lull in my life).

 

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Vous ajoutez une personnalité forte et généreuse qui fait de ses performances live un vrai bonheur. Elle est, en effet, de cette graine d’artistes qui donnent tout sur scène : sa voix exceptionnelle bien sur mais aussi ses tripes, sa douceur, sa mélancolie et le tout avec un sourire qui vous va droit au cœur. Que de chemin parcouru depuis l’animation des jams sessions du Caveau des Oubliettes, c’est vrai que Mina Agossi a déjà 10 albums à son actif. Elle nous propose un jazz aux arrangements vocaux modernes et inspirés et la set-list de ce concert (fixée au feeling soir après soir, nous dévoile Mina) est composée d’ une large palette de couleurs : rythmes brésiliens, africains, flamenco, gospel (go marching in), blues (hommage à Jimmi Hendrix avec Third stone from the sun), nos oreilles en frémissent encore de plaisir.

 

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Mina Agossi photographiée par Jean-Baptiste Millot 

 

D’habitude Mina Agossi se produit en trio ou quartet (pour le dernier album Just Like a Lady notamment) et le choix du duo voix contrebasse ne m’enthousiasmait pas vraiment au départ mais c’était sans compter la dextérité d’Eric Jacot qui réussit le tour de force de jouer de sa contrebasse aux cordes en boyau (précision due à Mina) de mille manières différentes : pizzicato, arco, picking ou à la façon d’un guitariste flamenco ou encore comme un instrument de percussion en frappant la caisse avec le plat de la main marquant le tempo tel un batteur. Enfin, grâce à l’oversampling, le musicien multiplie les lignes mélodiques pour offrir à Mina Agossi un écrin où poser sa voix de velours et de feu. Son accompagnement instrumental et sa complicité avec elle (complicité qui reste, somme toute, seulement professionnelle nous rappelle la chanteuse avec un large sourire en ajoutant : I’m the boss) font monter la température. Le contrebassiste en a d’ailleurs tombé la veste. Ajoutez à cette alchimie du jeu vocal et des cordes, rythmée en diable, beaucoup d’humour et de classe et vous comprendrez que le public était conquis et aux anges.

 Si vous voulez en savoir plus sur cette grande artiste, vous pouvez visionner le documentaire : Mina Agossi, une voix nomade réalisé par Jean-Henri Meunier qui a suivi l’artiste pendant deux ans au cours de ses tournées internationales.

 Merci encore à l’équipe du Guingois pour cette programmation et rendez-vous, pour les amoureux du jazz, le mardi 31 janvier pour un trio qui risque d’être tout aussi inoubliable : Jean-Michel Pilc au piano, François Moutin à la contrebasse et Ari Hoenig à la batterie…Vivement 2012 !!!

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