Retour sur les Rencontres régionales du conte à Bourges 2


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Quel bonheur que ces deux jours au Musée de la Résistance et aux Archives départementales du Cher !

Un grand merci au CLIO et à la DLP pour l’organisation de cet événement !

Ayant participé aux deux journées, j’ai du mal depuis, à replanter mes deux pieds dans la réalité ! Quel voyage ! Que de découvertes et que d’aventures en deux jours ! Même si nous nous sommes quittés hier à 17 h 30, je vous ai tous emmenés avec moi et vos voix (puisque c’est le thème de ce début d’année) et vos paroles continueront longtemps à m’habiter.

La matinée sur La voix du conteur était très riche et m’a ouvert de nombreuses perspectives. Les trois intervenants étaient passionnants, avec chacun des pratiques et des positionnements différents mais tout se rejoignait pour nous ouvrir le chemin de la réflexion.

Le grand contoir m’a permis de retouver des conteurs amis et d’en découvrir de nouveaux. Mes deux coups de coeur, parmi beaucoup de spectacles excellents : Le chant du Rossignol-brigand de Magda Lena Gorska et les Petits contes merveilleux de Bruno de la Salle (qui à mon avis n’ont rien de petits mais sont au contraire des géants).


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2 commentaires sur “Retour sur les Rencontres régionales du conte à Bourges

  • Gauthier Bazelle

    Etant juge et partie, puisque salarié du CLiO et donc associé à la mise sur pied de cette manifestation, je ne parlerai pas de l’organisation des 4e Rencontres professionnelles du conte en Région Centre. Sauf, et ce n’est pas rien, pour remercier très chaleureusement l’équipe de la DLP du Cher pour son concours bienveillant et intelligent. Plus qu’un hôte, la DLP a été un vrai partenaire.

    Ce qui m’a marqué ces deux jours est la rencontre et la qualité de l’échange entre personnes intéressées par la défense de la langue. Le partage d’une crainte : que la voix de la littérature s’éteigne. Mais surtout le partage d’une conviction : que nous sommes des passeurs et ne devons pas abdiquer cette ambition, que nous soyons conteur, bibliothécaire ou organisateur de manifestation culturelle.

    Ce qui nous a réuni est l’idée que la parole et les histoires sont les véhicules les plus vivants, les plus vibrants, de la littérature et de la pensée. C’est notre combat commun.

    Pour le plaisir, je partage avec vous cet extrait de l’édito du dernier n° de la revue Cassandre/Horschamps qui fait un bel écho à ce que nous avons vécu ces deux jours à Bourges :

    « Tout est dans ce verbe grec, poeien : «faire», qui donna chez nous «poésie».

    De l’importance fondamentale de la langue dans le combat pour la liberté, le passage des savoirs, l’éclair d’étonnement du premier jour et du premier instant, le refus du moisi et la jouissance de l’invention (terme archéologique), Dada et le surréalisme sont d’immenses acteurs et témoins dans notre histoire récente.

    Où en sommes-nous aux temps du langage sms et de la novlangue administrative, du franglais commercial, du globish un peu partout obligatoire, des éléments de langage politiques, de la littérature marchande, de la domination universelle du chiffre ? Au bord d’une révolution, sans doute. Et comme on le verra ici, elle ne manque pas de troupes. Une révolution de l’esprit qui sera d’abord un retour à la langue comme outil d’une culture vivante.

    Reprenons pied. Relions ce qui ne peut rester disjoint. La culture, c’est ça. Un moteur, un courant, un fleuve. Et la seule façon d’avancer. C’est d’abord par la réduction de la langue que le nazisme a soumis sa propre culture en brisant les imaginaires. Comme l’écrivit Victor Klemperer (1), l’oppression mentale est d’autant plus efficace qu’elle est sournoise «faite de piqûres de moustiques et non de grands coups sur la tête». C’est ainsi que procèdent les régimes totalitaires. Ainsi de l’ultralibéralisme. Reprenons pied. Notre terre, c’est la langue.

    La langue – oralité et écriture –, ce qui permet d’agir sur le monde, de pratiquer l’échange à partir d’agencements de sons, de mots, de rythmes, d’avoir la capacité (ou non) de faire basculer nos regards sur ce monde en changeant ces mots et ces rythmes, en les cassant. Comme disait Fellini, «chaque langue voit le monde d’une manière différente» et celle de l’artiste n’échappe pas à la règle. La langue, son usage, sa circulation, ses secrets et ses rites, son alchimie, le bouleversement qu’elle provoque lorsqu’elle prend l’esprit dans sa danse, sont nos premiers outils de culture. »

    Le texte complet est disponible en accès libre sur le site : http://www.horschamp.org/spip.php?article3921

    Gauthier Bazelle

  • Silvestre Jean-Jacques

    Durant ce Grand Contoir du Centre, tout le monde a évidemment écouté beaucoup d’histoires. Les bibliothécaires, les programmateurs, le public mais aussi les conteurs en ont profité. Découvrir le travail des collègues et toujours intéressant. C’est une façon de vérifier si la voix qu’on a prise est la bonne. Mais au-delà du conte, j’ai trouvé les moments d’échanges du matin ont été riche d’enseignements. Conteurs et bibliothécaires ont parlé, exposé leurs points de vue… Le pari était risqué ! Et pourtant, la machine a fonctionné. Christine Perrichon a adroitement posé les bonnes questions. Dans une conjoncture où la culture est la victime des coupes budgétaires, il est rassurant de noter que les convergences de tous les acteurs culturels. Nos préoccupations générales sont très proches. Au regard des échanges de paroles, il est apparu que le conte et, plus largement, la littérature, sont des biens et des services publics au même titre que l’éducation ou la santé.
    Que seraient nos métiers respectifs, si les puissants des temps anciens n’avaient pas protégé et aidé des artites dont les noms nous semblent des évidences. Que serait le théâtre français sans Molière ? La musique baroque sans Lully ? Le conte sans Perrault ? Aujourd’hui, où serait la culture populaire sans les bibliothèques ? Où en serait le conte sans les bibliothèques ? Comment les grands de ce monde aux origines modestes auraient pu se hisser dans les hautes sphères de la gouvernance ou des élites nécessaires au bon fonctionnement des sociétés ?
    Voilà les questions et les réflexions qu’on fait naître ces journées…