Le numérique et les tout-petits : retour sur la journée du 19 novembre 2015 4


C’est autour de la question du numérique que la Direction de la Lecture Publique avait organisé sa troisième journée de rencontre interprofessionnelle consacrée à la petite enfance.
« Le numérique avant 6 ans ? », tel était l’intitulé de cette journée à laquelle près de 70 bibliothécaires et professionnels de la petite enfance ont participé, réunis à l’Auditorium des Archives Départementales.

La première intervenante est Vanessa Lalo, psychologue clinicienne, chercheuse spécialisée dans les jeux vidéo, les usages numériques et leurs impacts.

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Pour elle, il est essentiel que l’adulte s’intéresse aux pratiques des enfants sur les écrans. L’enfant est toujours dans un besoin de collaboration, dans l’envie de partager, de discuter.  La mise en mots doit accompagner l’usage des enfants dans le numérique. L’enfant se retrouve dans le vide quand on lui retire l’outil si on n’a pas mis des mots sur les usages qu’il en fait.

Les usages numériques modifient la notion du temps, il est donc nécessaire de cadrer l’usage de ces outils. L’enfant doit apprendre à attendre, il a besoin de vide, de s’ennuyer. Il peut alors jouer, élaborer, chercher des solutions.

Internet est un espace de jeu, de créativité, d’expression, d’échanges, de partage, de travail, d’information, d’apprentissage. C’est  un territoire que nous devons investir en tant que professionnel en nous appropriant les outils numériques.

Les usages numériques permettent le développement des fonctions cognitives et des compétences, du lien social et de la communication et favorisent le dialogue familial.

On peut aussi promouvoir des usages différents de ces outils et utiliser l’appétence à la création des enfants. Pourquoi ne pas créer des contenus avec eux (petites applis) pour qu’ils deviennent conso-acteurs et non consommateurs.

Réelle la virtualité ? Le virtuel n’existe pas, nous sommes dans des usages dématérialisés.

Le numérique avant 6 ans ? Oui aux tablettes tactiles dans un contexte relationnel, non à l’exposition passive aux écrans. Il faut encadrer les usages, poser des limites, accompagner, guider l’enfant.

 

La deuxième intervenante, Marion Moulin, est  Directrice de la Petite Bibliothèque Ronde située à Clamart. Cette bibliothèque associative, implantée au coeur d’une cité H.L.M.,  est un lieu d’expérimentation, notamment sur le numérique. Son caractère innovant lui confère un  rayonnement international.

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L’offre numérique de la PBR répond à différents enjeux :
– réduire la fracture numérique
– créer du lien social entre les usagers, favoriser les liens intergénérationnels
– développer l’imaginaire de l’enfant et ses capacités culturelles et artistiques
– interagir en complémentarité avec l’offre papier (les actions de médiation du livre sont renforcées en parallèle de la médiation numérique).

Leur démarche, effacer les appréhensions des adultes liées à l’utilisation du numérique de façon à ce qu’ils soient acteurs.
Leur offre concerne les enfants à partir de 4 ans. Un espace y est entièrement dédié, l’offre est variée (ordinateurs, tablettes, consoles de jeux, appareils photo, caméscopes et imprimante 3 D),  le temps d’utilisation des outils est très encadré. Afin de permettre la participation des parents, voire des grands-parents, la bibliothèque est ouverte le dimanche. L’équipe sollicite largement leur implication.

Associée à d’autres professionnels, la PBR a créé un catalogue collaboratif d’applications jeunesse « BibApps.com » pour permettre au bibliothécaires et professionnels de la petite enfance de partager leurs expériences en matière de médiation numérique.

 

L’après-midi, c’est au tour de Nathalie Colombier de prendre la parole. Spécialiste du numérique et de l’éducatif,  elle a fondé et anime le site « Déclickids » dédié aux applications numériques pour enfants.

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Elle souligne l’urgence d’effectuer une expertise sur le contenu des tablettes car cet outil masque ce que fait l’enfant.

Par ailleurs, trois mythes sont colportés dans notre société par les adultes :
– nos enfants sont des mutants, leur cerveau s’est adapté aux écrans
– nos enfants sont des digital natives
– nos enfants maîtrisent les nouvelles technologies et notamment le tactile naturellement.

Ces idées sont dangereuses car elles entraînent la démission des parents.

La tablette n’a pas été conçue pour les enfants mais ses caractéristiques la rendent idéale pour eux.
Elle entraîne de nouvelles pratiques : elles se partagent en mobilité, pratiques collaboratives et coopératives, nouveaux rituels familiaux, nouvelles pratiques scolaires.

Il faut organiser les conditions de mise en oeuvre de la médiation numérique : établir des règles, choisir ses contenus et les tester, être attentif au contexte et s’adapter à chacun.

A retenir pour les tout-petits : privilégier l’accompagnement permanent (jouer ensemble), verbaliser (solliciter, échanger, commenter).

 

Pour clore cette journée, Kathie Durand, Adjointe de la Directrice et chef de projet « technologies  numériques » à la Direction de la Lecture Publique, a présenté le dispositif de prêt d’outils numériques mis en place pour l’ensemble des bibliothèques du réseau départemental. Il comprend notamment le prêt de tablettes proposant des applications destinées aux plus petits.

 

Sites ressources (sélections critiques d’applications et retours d’expériences de médiation) :
Déclickids
la Souris Grise
BibApps
Popapp
-Numérique jeunesse


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