Parmi les albums pour la jeunesse acquis récemment par la Direction de la lecture Publique deux titres parus aux éditions « Etre » ont plus particulièrement retenu notre attention.
Ils font partie de ces livres qui vous procurent un tel plaisir de lecture qu’à peine terminés on a envie de les relire pour mieux les savourer, envie aussi de les faire découvrir et de partager nos émotions.
Voici tout d’abord l’histoire de « Mama Sambona « de Hermann Schulz et Tobias Krejtschi.
Reine d’une île située au beau milieu du lac Victoria, Mama Sambona y coule des jours heureux. Etant très âgée, le moment est venu pour elle de recevoir la visite de la Mort qui doit l’emmener au pays de ses ancêtres. Pour accomplir son travail la Mort n’a le droit de se présenter que trois fois. Mais Mama Sambona n’a pas l’intention de se laisser faire et va à chacune de ses visites trouver le moyen de la repousser jusqu’à lui faire oublier pour longtemps sa mission.
Cette vieille dame malicieuse nous enchante tout comme les illustrations. De fines silhouettes noires sur fond blanc côtoient des images pleine page aux tons lumineux comme le rouge orangé de la robe préférée de Mama Sambona.
Il se dégage de cet album une formidable joie de vivre et un optimisme qui font du bien.
Autre titre tout aussi réjouissant : « Tous ses petits canards » de Christian Duda et Julia Friese.
Un renard affamé s’apprête à déguster un oeuf de cane lorsqu’il se retrouve nez à nez avec un poussin qui, à peine sorti de sa coquille, l’appelle « Papa ! » Et voilà le renard pris dans un engrenage, désarmé et touché malgré lui par l’affection et la confiance que lui témoigne déjà le poussin. Konrad (c’est le nom du renard) qui ne rêve que de canards rôtis se dit (sans y croire vraiment) qu’il le mangera plus tard quand il sera plus gras. En attendant il décide de se charger de son éducation et pour commencer lui donne un nom : Lorenz (Konrad Lorenz… ça ne vous rappelle rien ?) Le petit canard va très vite grandir, sous le regard protecteur du renard. Par amour pour son « fils », Konrad acceptera même la présence d’une jolie petite cane dont Lorenz est amoureux. Il tombera lui aussi sous le charme. Cette joyeuse famille ne tardera pas à s’agrandir et Konrad, très fier de tous ses petits, vivra heureux au milieu d’une nuée de poussins.
Comment ne pas être touché par ce père de famille attentif, attentionné et prêt à tout pour protéger les siens y compris à faire taire son instinct, à refuser d’entendre ce que son ventre affamé lui crie. Une histoire d’une grande tendresse que l’on perçoit merveilleusement bien à travers les illustrations. La mise en page dynamique, les images qui suggérent si bien le mouvement, l’expressivité des personnages contribuent à la réussite de cet album.
Le catalogue des éditions « Etre » (créées par Christian Bruel) est à découvrir sur leur site. Y figurent des rééditions de quelques titres parus au « Sourire qui mord » dans les années 80.
comme tu sais bien faire partager tes coups dee coeur,Anne, je me suis pris d’affection pour Konrad rien qu’à te lire! Et puis ça parle aussi de la différence, des familles recomposées… Bravo!
Ayant accompagnée Anne lors de la découverte de cette album, je suis malgré tout, toute « émotionnée » en lisant son article. Cet album nous a en effet profondément touché. J’aime particulièrement ces albums, qui a travers une histoire simple, un texte facile, vous font frissonner, rire, pleurer, mettre en colère…
Une histoire qui me rappelle « Rouge Matou » d’Eric Battut Milan édition – 2000. L’histoire d’un chat qui trouve un oeuf de rouge-gorge et qui comme le renard fera le choix de ne pas manger l’oiseau. Un livre idéal pour un « racontage » en images aux Bébés lecteurs!