Rebeyrolle ou l’obstination de la peinture, dernier opus de Michel C. Thomas dans la belle collection « L’un et l’autre » chez Gallimard. Collection dirigée par le philosophe et psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis.
Rebeyrolle commence à peindre à une époque où Picasso et Matisse prennent trop de place, à la fin des années quarante. Il n’arrêtera plus jusqu’en 2005.
Sa peinture est une révolte contre l’injustice, une révolte figurative et puissante.
Michel C. Thomas, fasciné par la vie, le travail, l’engagement et l’oeuvre peint de Rebeyrolle, réussit un essai poétique qui appartient à la famille de Verlaine d’ardoise et de pluie (même éditeur, même collection), Elle, par Bonheur et toujours nue (sur le peintre Pierre Bonnard) de Guy Goffette, ou encore celle de Rimbaud le fils de Pierre Michon. Si Rebeyrolle n’a peur ni de la matière ni de la dimension des toiles, Michel C. Thomas n’a pas peur des mots. C’est avec les mêmes outils que celui-ci et celui-là taillent le texte et la peinture, sachant attraper sur l’établi, lorsqu’il faut délicatement finir, le pinceau trois poils ou le chiffon doux. C’est dense, trapu, étrillé, précis et gouleyant. La langue est essorée jusqu’à l’essentiel, irréductible ; n’est-ce pas la condition indispensable pour prétendre à la poésie ?
Très bel essai donc, qui chemine entre les repères biographiques, le travail du peintre et la parole des hommes.
La parole engagée faite langue poétique.