L’écrivain algérien Arezki Mellal est actuellement en Résidence d’auteur à Bourges, sur invitation des Mille Univers. Temps d’écriture, temps de rencontres et d’échanges avec différents publics: des collégiens du collège de La Guerche sur l’Aubois, des détenus, le réseau des Médiathèques de Bourges et ce mardi 16 juin discussion avec les bibliothécaires du Cher présents à la dernière conférence de rédaction de la saison 1 de CherMédia. Voici retranscrits les moments forts de cet échange, intense, riche d’émotions : portrait sensible d’un écrivain engagé dans le monde ordinaire.
Rôle social de l’écrivain, engagement de l’écrivain : « C’est dans une grande liberté qu’il faut écrire » …. »dire l’homme et tout dire de l’homme, c’est cela la littérature ». Pour Arezki Mellal, l’expression de l’écrivain participe de l’exercice de la démocratie. « Écrire est un acte libérateur qui contribue à faire avancer les idées dans ce monde là ». Il vit à Alger, et a fait le choix d’y vivre dans l’anonymat pour préserver sa paix, son nom de plume est un pseudonyme. Vivre dans son pays et non pas en exil est aussi un choix personnel fort et revendiqué. Malgré les interdits érigés récemment sous forme de lois en Algérie, ne pas porter atteinte à l’image de l’Islam, interdiction d’évoquer la tragédie nationale – les dix années de terrorisme- Arezki Mellal écrit sans auto censure, c’est dans ce sens qu’il faut entendre cette liberté d’écriture qu’il revendique, face à la double contrainte des tabous d’une société et d’un champ politique particulier. Important pour lui aussi que ses textes soient d’abord publiés et lus chez lui, en Algérie.
Parler des conditions d’écriture plutôt qu’expliciter le contenu : Dans l’écriture l’idée s’impose à lui dès l’origine avec sa forme, qui peut être poème, nouvelle, roman, théâtre. Ce que Arezki Mellal exprime est une vision du monde, une conviction forte, qui doivent impérativement être exprimées, qui traduisent quelque chose de très profond. Certaines de ses œuvres demandent à être écrites dans la paix, d’autres le sont dans « le bruit et la fureur ». Et ici, dans le centre de la France, Arezki Mellal dit trouver des conditions de paix idéales pour écrire ce qui doit l’être dans le recueillement.
Comment se construisent ses textes ? il accumule les prises de notes rapides écrites et orales, c’est en quelque sorte un « processus d’écriture qui devient impérieux ». Puis vient « le remplissage », la phase de mise en forme, et là il parle de sa jubilation à ciseler les phrases et les mots ! Pour l’écriture théâtrale, il a impérativement besoin d’entendre son texte lu en public par des comédiens avant de poser le point final. L’écrit et la parole sont pour lui les vecteurs privilégiés d’expression, de développement, de la pensée.
Qu’est-ce qui fonde une œuvre littéraire pour Arezki Mellal ? « Il y a œuvre quand il n’y a plus auteur », « une œuvre est œuvre quand elle est détachée de son auteur », quand elle touche les lecteurs, quand elle rejoint l’humanité et que chacun se projette grâce au texte lu ou écouté, au-delà des contingences de l’auteur. « L’œuvre une fois écrite, l’auteur n’a plus rien à y voir. ».
Le choix de la forme théâtrale : Arezki Mellal a découvert le théâtre en 2002 lors du festival du théâtre francophone de Limoges. Depuis cette forme d’écriture s’est imposée à lui comme mode d’expression privilégiée. Pour lui très clairement une pièce de théâtre est un texte qui s’écrit et se lit comme tous les autres livres, le théâtre est littérature. Il est totalement détaché du travail de mise en scène de ses textes, comme il est détaché du livre une fois qu’il est imprimé. Libre aux metteurs en scène de proposer leurs interprétations, à la seule condition qu’une comédie reste une comédie, qu’un drame reste un drame.
? Entretien avec Arezki Mellal (10mn30) diffusé par ATOPIA
? Arezki Mellal est édité en France chez Actes Sud
Maintenant ils peuvent venir (collection bleu)
En remontant le Niger (collection Actes Sud Papiers)
La délégation officielle suivi de Sisao (collection Actes Sud Papiers)
[ Daniel, Dominique, Elisabeth, Jean-François, Julien, Kathie, Nathalie, Pierre]
Nous avions eu la chance de rencontrer Arezki Mellal à la bibliothèque de la Guerche en novembre dernier.
D’ailleurs, le travail des élèves du collège avec les auteurs et les mille univers nous a été remis par Marieke Joumier (documentaliste du cdi du collège Debussy)sous forme d’un livre et d’un film qui retrace le chemin parcouru pour aboutir à ce beau livre intitulé « noir sur blanc ».
Un beau projet pour un magnifique résultat !
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