Bonheur Fantôme d’Anne Percin aux éditions La Brune au Rouergue
Dans la campagne Sarthoise, Pierre, un jeune homme de 28 ans, découvre le métier de brocanteur.
Au milieu de son bric à brac, il fuit la parisienne, ses études de philosophie, ses petits boulots, mannequin, en autres, ses amis, ses relations et Jalil
« Je ne l’aimais pas Jalil, mais je lui voulais du bien. Je ne lui ai fait que du mal, je croie. Un mal suave, subtil, qui porte un nom luxurieux… ».
Il essaie d’oublier R. son grand amour, reporter – une relation troublante, rassurante, étouffante…
« Montrer qu’on aime et qu’on est aimé, c’est se donner un prix. Ca fait monter les enchères. Je le sais depuis que je vends des déchets, dont la seule valeur est d’être désirés ».
Pierre a un autre projet, écrire une biographie de Rosa Bonheur (1822-1899) peintre animalier, homosexuelle, comme lui, est-ce cela qui les rapproche ou sa vie excentrique ?
Mais dans sa vie, dans ses petits bonheurs campagnards au milieu de ses chiens, Pierre survit à un fantôme qui le hante, l’empêche d’être heureux, de grandir, de s’aimer, d’exister simplement.
« Pourtant je veux ruminer moi aussi des bouts de ma vie. Reprendre des morceaux mal digérés, ceux qui me sont restés en travers du gosier. Les mastiquer une nouvelle fois. Peut-être qu’il y a quelque chose à en tirer. Non pas des évènements eux-mêmes, – Il n’y a rien de savoureux dans mon passé-, mais de ce travail-là. De cet effort. C’est bovin que je voulais faire. »
Anne Percin nous trace un portrait de cet homme, troublé, troublant, sympathique.
A travers son histoire on côtoie des personnages savoureux, sa voisine Paulette qui le nourrit quand la bourse est vide, le patron de l’auberge, qui l’emploie occasionnellement. la vie à la campagne, le lapin qu’il faut écorcher (une description empreinte d’ironie), l’apprentissage de la vie l’hiver en pleine campagne noire humide, la solitude.
Les émotions, la sensualité, les relations sexuelles de Pierre sont si prenantes si bien décrites que l’on se demande comment une femme peut imaginer les sensations ressenties par ce corps d’homme…
Mais ce surtout, on ne s’ennuie pas un instant, et que le mystère de ce fantôme est dévoilé tout doucement, un mot par ci, par là, un nom, nous mets la puce à l’oreille, et on a qu’une envie, c’est de continuer la lecture afin de savoir ce qui trouble à ce point cet homme. Ne vous fiez pas à la quatrième de couverture : vous irez avec « Bonheur fantôme » là où vous n’imaginiez pas…
Un roman découvert dans le cadre du partenariat avec les Chroniques de la rentrée littéraire