Chroniques de la rentrée littéraire 19


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La Légende de nos Pères de Sorj Chalandon chez Grasset

Ou comment les pères racontent (ou pas…) l’Histoire à leurs enfants… L’Histoire ou plutôt leur histoire…

Marcel Frémaux est biographe familial. « Je rédigeais la mémoire des autres, mais pas seulement. » Il est lui-même en manque de l’histoire de son père, héros de la résistance. « Il avait deux enfants, mais j’ai cru longtemps qu’il n’en avait qu’un. Lucas était son grand, son préféré, son fils. Dix ans de différence et tout un monde, aussi. Il parlait à Lucas, il jouait avec moi. »

Quand Lupuline Beuzaboc lui propose de rédiger la biographie de son propre père Tescelin Beuzaboc, lui aussi résistant, il se lance dans l’aventure, rêvant probablement à une réparation possible (une apparente similitude de vie lui permettant de retrouver l’histoire paternelle). Rendre hommage à ces résistants, à leur bravoure, à leur dignité, c’est à cette mission que s’attelle notre biographe, répondant ainsi à la demande de Lupuline, bercée depuis son enfance par le récit de ces hauts-faits. En effet, tout semble clair dans la vie de Beuzaboc même si les actes commis contre l’occupant allemand (le sauvetage de l’aviateur anglais, l’assassinat d’un officier de la Wehrmacht, le sabotage d’un train,…) provoquent des représailles insupportables pour les civils. Pourtant au fil des rencontres entre le vieil homme et son biographe, le flou s’installe et la véracité des faits semble de plus en plus douteuse. « Et soudain, je me suis demandé si mon client disait la vérité. Vérité. Le mot m’était venu un peu plus tôt, au moment de m’asseoir dans le salon du vieil homme. Tout ce que celui-ci racontait était-il vrai ? Ou pouvait-il être vrai ? Ou pouvait-il ne pas l’être ? Et puis quoi ? Après tout, peu m’importait. »

Quelle va  donc être la position du biographe, sa loyauté à son propre père et que faire de la douleur qu’il devine chez son interlocuteur ?

« Beuzadoc observait mon trouble.

–         Vous savez ce que vous avez hérité de votre père ?

Il a joué avec sa canne, laissant mon regard de côté.

–         Vous avez hérité de sa vérité.

Beuzadoc s’est levé. Il ma tourné le dos.

–         Et moi, je ne veux pas léguer mes mensonges. »

Un roman fort, une écriture limpide et précise. J’avoue avoir été souvent bouleversée, probablement parce qu’issue de la même histoire, celle des combattants. A lire et à partager !

Un roman découvert dans le cadre du partenariat avec les Chroniques de la rentrée littéraire


A propos de Christine Perrichon

Les autres... Mes copains d'école... Eux, ils jouaient aux pompiers, à l'école, au docteur... Moi ? A la bibliothécaire : j'avais même fait des fiches dans mes livres pour pouvoir les prêter... Ajoutez à ça d'avoir été pendant longtemps l'une des plus jeunes lectrices de la bibliothèque d'O. Et, chaque mercredi : " Quel est ton numéro de carte ? - 2552 - Mais non, tu te trompes, tu es trop petite pour avoir ce numéro là (les enfants de mon âge avaient un numéro supérieur à 4000)" Et puis, on ne pouvait emprunter des romans que si on empruntait des documentaires... C'est comme ça que j'ai lu toutes les biographies des peintres, musiciens, sculpteurs et même aviateurs ou chercheurs... Au moins, ça me racontait la vie ! Et je me disais : " Si j'étais bibliothécaire... je laisserais les enfants choisir ce qu'ils veulent lire..." Alors, quelques années plus tard, face au grand saut dans la vie professionnelle, comme une évidence : je serai BIBLIOTHECAIRE !!! Et depuis plus de 20 ans, de bibliothèques municipales en bibliothèques départementales, mon enthousiasme est intact : - Quand les cartons de livres commandés arrivent, c'est chaque fois un peu noël... - Quand je peux échanger sur les livres ou les CD que je viens de découvrir, c'est chaque fois un moment de bonheur... - Quand les outils numériques viennent bouleverser nos pratiques, c'est la plongée excitante vers l'inconnu... Une nouvelle aventure s'ouvre maintenant ! Chermedia, notre plateforme d'échanges et de partages

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