Chroniques de la rentrée littéraire 23 1


Loving-Frank

Loving Frank de Nancy Horan aux éditions Buchet Chastel

A Chicago, au début du XXe siècle, Mamah Borthwick, épouse d’Edwin Cheney et mère de deux enfants, tombe amoureuse de l’architecte novateur qui a conçu leur nouvelle maison, Frank Lloyd Wright, homme marié et père de six enfants. Tous deux deviennent des amants passionnés, quittent leur famille et les Etats-Unis pour vivre leur passion librement. Après plusieurs années passées en Europe, où ils séjournent alternativement en Allemagne, en Italie et à Paris, traversant des périodes de bonheur mais aussi de doute et en butte à la culpabilité, sous la double pression de leurs tourments personnels et celle d’une presse américaine qui se déchaîne sans relâche contre leur amour jugé scandaleux, ils regagnent finalement les Etats-Unis. Alors même que leur amour semble pouvoir triompher des épreuves, un drame d’une violence inouïe va fondre sur eux de manière totalement imprévisible, et…

Ne comptez pas sur moi pour vous en dévoiler davantage, lisez sans attendre ce roman passionnant. C’est à la fois une fiction historique qui dépeint avec talent la vie et les moeurs de la bonne société très puritaine de Chicago du début du siècle dernier, c’est aussi un magnifique roman d’amour qui explore les arcanes de la passion et s’interroge sur les limites de l’amour, c’est également une vraie réflexion sur l’art et l’architecture, c’est enfin une étude très intéressante sur ce qui motive  les choix existentiels d’un individu, partagé qu’il est entre les aspirations de son être profond vers la liberté et les tourments de la lutte contre les affres d’une culpabilité induite par la cruelle pesanteur des conventions sociales.

J’ajouterai qu’à travers l’évocation de la vie de Mamah Borthwick, Loving Franck apporte un éclairage sur les débats agitant les différentes composantes du mouvement féministe de l’époque. L’accent est mis sur l’étroite  relation  qu’entretient Mamah avec  une philosophe féministe qui jouera un rôle  déterminant sur son évolution personnelle.

Premier roman de l’écrivain et journaliste américaine  Nancy Horan, Loving Franck dresse avant tout un magnifique  portrait de femme. Le style direct et vivant de ce livre contribue à la fluidité de la lecture, même dans les passages d’introspection. Si la qualité de cette fiction historique  est remarquable, et m’a notamment permis de  découvrir Frank Lloyd Wright, ce grand architecte américain concepteur des « maisons organiques » que je ne connaissais pas auparavant, j’ai été tout particulièrement touchée par le personnage de Mamah,  extrêmement attachant car intègre et sensible, n’échappant pas au doute, épris de liberté et en quête d’un bonheur authentique.

Je ne résiste pas au plaisir de vous citer l’épigraphe du roman : « On ne vit qu’une fois en ce monde » (Goethe).

Un roman découvert dans le cadre du partenariat avec les Chroniques de la Rentrée littéraire


A propos de Dominique Laganne

Il y a longtemps de cela, je suis tombée dans les livres quand j'étais petite, et l'amour de la lecture ne m'a plus quittée depuis. Après des études d'espagnol, j'ai débuté en section jeunesse à la médiathèque de Fontenay sous Bois, obtenu le défunt CAFB et ai exercé pendant cinq ans au sein d'une équipe dont je garde un très bon souvenir. Puis, changement de cap, naissance de mes jumeaux, départ pour le Berry et interruption momentanée de carrière... Actuellement, je suis en poste à la Direction de la Lecture Publique, en tant qu'assistante qualifiée responsable des animations. Conseils au bibliothèques du réseau, acquisitions, tournées de bibliobus, travail autour des expositions et animation de stages de formation , mes missions sont diverses et variées et s'inscrivent dans le cadre d'un travail d'équipe en pleine évolution...

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

71 − = 62

Commentaire sur “Chroniques de la rentrée littéraire 23

  • stef18

    Rien que la couverture donne envie, le contenu est également alléchant avec le grand architecte Lloyd Wright, la période décrite ici me rappelle un superbe film historique vu tout récemment : « L’Echange » de Clint Eastwood, avec une reconstitution impressionnante de l’Amérique des années 20, merci pour ce billet Dominique, j’espère pouvoir le lire quand j’aurais plus de temps