Chroniques de la rentrée littéraire 30


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Une année étrangère
Brigitte Giraud
Stock, août 2009

 

Si vous aimez l’aventure, les intrigues de toutes sortes, les histoires d’amour ou les grandes fresques historiques, ce roman n’est pas pour vous.
En revanche, si vous préférez l’introspection, si vous voulez savoir ce qui peut se passer dans la tête d’une adolescente qui a du mal à grandir, laissez-vous tenter.

 

 A peine descendue du train, Laura, la narratrice, une jeune Française de dix-sept ans, se demande ce qu’elle vient faire au nord de l’Allemagne, à plus de mille kilomètres de chez elle, dans une famille qu’elle ne connaît même pas. De plus, elle s’aperçoit qu’elle ne comprend pas bien l’allemand, alors qu’elle l’étudie à l’école depuis des années. C’est pourtant elle qui a choisi sur un coup de tête de partir comme jeune fille au pair, quelques mois avant de passer son bac.
Au fil du roman, le lecteur découvre ce quelle cherche à fuir : une famille qui se déchire, et le vide de son existence, depuis la mort de son jeune frère.
« J’ai parcouru tous ces kilomètres pour me perdre, sans doute, mais peut-être aussi pour me trouver, pour me débarrasser de la fille que je suis devenue, sauvage et transparente, vulnérable et imprévisible, une fille tout en contradictions, quelqu’un qui s’effiloche, incapable de désirer et de choisir. »
Que va-t-elle trouver ? une famille apparemment plus paisible que la sienne, qui vit chaque moment comme il se présente, mais qui renferme de lourds secrets et dans laquelle elle ne sait pas exactement quel est son rôle : doit-elle s’occuper des enfants, accomplir les tâches ménagères ? Est-elle considérée comme une enfant de la famille ou comme une adulte ? Quand Mme Bergen tombe malade et est hospitalisée, tout naturellement Laura remplit ses fonctions, tout en s’efforçant de ne pas la remplacer.

Le fait que le roman ne soit pas découpé en chapitres mais constitué d’une succession de petits « blocs » de texte, dans lesquels Laura raconte son quotidien et livre ses états d’âme, donne l’impression qu’il ne se passe pas grand chose pendant ces six mois où elle vit en Allemagne. Et pourtant, pendant ce laps de temps, elle va se poser de nombreuses questions et passer définitivement de l’adolescence à l’âge adulte.
C’est aussi une réflexion sur la transmission et sur la communication : le grand-père n’a pas réussi à transmettre son histoire à sa famille, Laura n’arrive pas à communiquer avec sa mère raidie dans sa douleur, ni, à cause de la langue, avec les Bergen, si bien qu’elle s’invente une autre vie. Pendant six mois donc, elle vit étrangère à elle-même, dans une famille étrangère d’un pays étranger, loin de sa famille qui lui est devenue étrangère…

Un roman découvert dans le cadre du partenariat avec les Chroniques de la Rentrée littéraire

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