Le Requiem de Franz de Pierre Charras, Mercure de France, 110 pages.
Au crépuscule de sa courte vie (il est mort à 31 ans), Franz Schubert s’engage dans le bilan sombre et mélancolique d’une existence où il a éprouvé les plus grandes difficultés à trouver une place.
De rupture en rupture… De dévotion pour Mozart en vénération pour Beethoven (dont il n’osera pas faire la connaissance), il ne se perçoit pas comme un « vrai » compositeur, persuadé que ces créations ne sont que divertissements à destination de son cercle d’amis. Il n’envisage pas une seconde que son œuvre puisse passer à la postérité… Malgré un catalogue considérable (près d’un millier de créations), l’invention de formes musicales nouvelles…
« Voici ma fin. On ne prononcera plus le nom de Schubert, plus jamais. » C’est ainsi que débute ce roman où Pierre Charras nous donne à entendre cette voix et cette musique si particulières. Je l’ai personnellement lu en écoutant (ré-écoutant) « Der Tod und das Mädchen », « Die schöne Müllerin » et les « Lieder von Abscheid und Reise », ce qui renforce encore la mélancolie de ce texte empli de doutes et de chagrins, qui pose la question même de l’acte créatif.
Schubert écrit d’ailleurs en 1822 : « Voulais-je chanter l’amour, cela m’entraînait à la douleur ; voulais-je chanter la douleur, cela me menait à l’amour ». Tout cet univers nous est ici restitué et laisse dans notre esprit une marque à la fois douce et mordante.
Un roman découvert dans le cadre du partenariat avec Chroniques de la rentrée littéraire