Conférence sur Pierre Bonnard par Danielle Laffitte


Vendredi 28 Juin 20h30 – Espace Culturel de Sagonne – 18600
“…du vermillon dans les ombres orangées…”

« Du vermillon dans les ombres orangées » Essai de résumé 27 Mai 2013
Dans cette conférence, j’essaie d’expliquer pourquoi Bonnard, autant que Picasso et Matisse, a été une figure centrale dans l’évolution de la peinture au début du XXème. C’est assez récemment qu’on a reconnu la modernité de son œuvre. De son vivant et jusqu’aux années soixante il a souvent été apprécié pour les mauvaise raisons, ce dont lui-même se plaignait amèrement. Etant peintre moi-même, (consciente d’être encore à la recherche du sujet profond de ma peinture et naviguant constamment entre le figuratif et l’abstrait,) Bonnard est un peintre qui me parle et me touche énormément. D’abord il a reçu de plein fouet, comme ses contemporains, le choc de la découverte de la photographie. Quoi peindre et pourquoi peindre quand la photographie peut le faire plus vite et aussi bien ? Quand de plus, tout un chacun peut le faire ? Toute sa vie Bonnard a été extrêmement – et douloureusement-conscient de cette menace qui planait sur la peinture. Il disait qu’il était un des derniers survivants de cet art périmé. J’ai déjà parlé dans les Ménines de la graduelle extinction du sujet. Vélasquez dans Les Ménines explorait la nature de la représentation et annonçait déjà la modernité. Bonnard et ses contemporains ont cherché chacun à leur façon comment survivre à cette crise. Elle a été une épée de Damoclès et en même temps un formidable aiguillon au renouveau, au changement radical, à la formidable révolution qu’ont été Cézanne, le fauvisme, le cubisme, et l’œuvre de Matisse. Quelle place a occupé Bonnard dans ce tsunami ? Apparemment aucune. Apparemment il a suivi la leçon des Impressionnistes et a poussé l’héritage impressionniste jusque dans ses retranchements, en bourgeois content de lui qui ne se posait pas de questions. Son traitement passionné et jubilatoire de la couleur fera qu’il sera toujours apprécié, mais il n’a jamais abandonné l’observation de la nature et reste un peintre traditionnel, réactionnaire même, en un mot ringard.
Or tout cela est très loin de la réalité. Bonnard très au fait de ce qui se passait autour de lui en peinture, a eu le courage de suivre son chemin solitaire, et d’aller jusqu’au bout dans l’exploration du phénomène de la vision et des problèmes de la transcription picturale. Il dût puiser profondément dans l’analyse de ses propres sensations visuelles et dans le pouvoir sélectif et créatif de la mémoire, pour en tirer des trouvailles subtiles, neuves et fascinantes. *A l’instar de Picasso et de Matisse, parallèlement si on peut dire- il a cherché toute sa vie, et a réussi à renouveler le genre, en se concentrant obstinément sur la surface picturale, une obsession qui l’a habité toute sa vie, depuis le début, où avec les Nabis il prônait l’importance de la surface : « La peinture, des formes et des couleurs sur une surface plane », jusqu’à sa mort et ses tout derniers autoportraits, dont l’un poignant qui montre un Bonnard vieilli qui frappe désespérément le miroir-surface de la toile de ses poings fermés, surface qui se rebelle et lui a donné tant de fil à retordre. Ce que j’aime en Bonnard, c’est qu’étant un peintre bourré de talent, il n’est jamais tombé dans la facilité et s’est toute sa vie remis en question. Son œuvre apparemment facile et séduisante cache une recherche jamais abandonnée de la nature complexe de la peinture et de ses potentiels d’expression. Comme nous au seuil de ses multiples portes et fenêtres, il n’a jamais quitté le seuil de l’abstraction. Je veux dire que, sans avoir choisi l’abstraction, ce qui n’était pas possible à l’époque, il y est arrivé, à sa façon et a ouvert la porte à une nouvelle peinture.
*
• Autrement dit la planéité qui entraîne tout le reste:
• L’unité de la surface
• L’abandon de la perspective traditionnelle et pourquoi. tout est ramené au même plan.
• Le traitement de la périphérie et ce qu’il a découvert sur ce que nous voyons vraiment quand nous regardons.
• L’audace dans le traitement de la couleur et comment il génère la lumière
• Les problèmes compliqués dus au rapport conflictuel entre la couleur intense et la forme
• La proximité picturale des objets et des êtres liée à l’intimité des sujets.
• La présence du peintre dans le tableau explicite ou implicite
Tous les petits mensonges qui font une vérité picturale.

bonnard - Copie

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