Connaissez-vous Manosque ? Oui, c’est une petite ville du Lubéron, et, oui, Jean Giono y a laissé son empreinte. Visitez d’ailleurs le très bien documenté centre Jean Giono situé en pleine ville et n’hésitez-pas à faire une petite halte dans son jardin doté d’un bassin : sérénité garantie !
Le festival des correspondances
Si j’écris sur Manosque, c’est que je me suis rendue à la dixième édition du festival des Correspondances de Manosque qui s’est déroulée du 24 au 28 septembre dernier.
En fait, au-delà de l’actualité de la correspondance et de la mise en valeur du genre épistolaire, c’est un festival dédié à la littérature, pas celle des salons, mais celle qu’on veut transmettre, de la manière la plus large et la plus ouverte possible. C’est aussi une manifestation axée sur la rencontre tout azimuth ; rencontre entre des auteurs, des oeuvres, des publics, des genres et des arts différents.
Découvertes, croisements, foisonnements… Autant de mots clé pour un festival qui s’est imposé comme un lieu incontournable de la rentrée littéraire.
Il faut dire que le festival décline les correspondances dans tous les sens du terme : et, cette année, la programmation mettait en avant l’exploration des liens entre la nouvelle chanson française et la littérature. En concert littéraire, Stéphane Eicher (et Philippe Djian), Rodolphe Burger (et Olivier Cadiot), Florent Marchet (et Philippe Catherine). Une démarche poursuivie avec la publication d’un livre-disque, Fantaisie littéraire, manifeste artistique sur lequel dix-sept musiciens s’approprient un texte littéraire.
Des lectures spectacles très diverses étaient aussi proposées : comme Carte blanche, lecture inédite de textes de et par Jacques Gamblin, oscillant avec talent sur le fil de l’humour et de l’absurde ;
Lettres de prison de Rosa Luxembourg, magnifiquement lues par Anouk Grimbert qui a su restituer toute la force et la sensibilité de cette extraordinaire révolutionnaire, et a fait frémir la salle entière au rappel des atroces conditions de son assassinat. Dans un tout autre registre, grinçant et jubilatoire, la chanteuse Juliette et l’inoubliable Deschien François Morel ont donné lecture avec une grande énergie de Lettres de non-motivation (livre éponyme de Julien Prévieux, éd. Zones). Le ressort étant le suivant : l’un répond à une petite annonce d’offre d’emploi pour expliquer pourquoi il ne postulera pas sur le poste, et l’autre donne la réponse du DRH…
Manosque étant victime de son succès, d’aucuns se plaignaient que trop de spectacles affichaient complets… Heureusement, liberté leur était donnée d’aller à la rencontre des auteurs et des oeuvres sous les platanes des petites places aménagées pour la lecture… Et l’écriture, puisque tout un chacun était convié à utiliser les écritoires pour noircir autant de pages qu’il le souhaitait, avec le concours de La Poste, qui se chargeait de l’oblitération et de l’acheminement des millier de courriers acheminés… Pas moins de quinze mille cette année !
Belles et poétiques réalisations que ces écritoires, tous différents, ludiques installations de l’éphémère vouées paradoxalement à laisser des traces – les écrits – On les aurait dit poussés comme des champignons sur le pavé ensoleillé de la vieille ville. Il y en avait même un d’où jaillissait la pluie lorsque l’on écrivait ! Succès garanti auprès des enfants… En plus, les écritoires étaient partout mis à la disposition de tous, offrant stylos, papiers, enveloppes et boite aux lettres.
Et puis, last but not least, les cafés littéraires, toujours sous les platanes ou les voilures toilées, ou bien dans le patio de l’Hôtel Voland, nouveau lieu culturel situé en plein cœur du centre ancien qui abritera le bureau permanent des Correspondances, et, à terme accueillera écrivains et artistes en résidence, un café associatif, un lieu d’exposition et de diffusion… Cette année déjà on pouvait découvrir dans un bâtiment en pleine rénovation l’exposition de photographies Papier(s) d’Olivier Placet et suivre certaines manifestations du festival.
Si faute de don d’ubiquité il était naturellement impossible d’assister à toutes les rencontres d’auteurs, cela impliquait d’opérer des choix parfois difficiles… Jean-Paul Dubois ou Régis jauffret ? Serge Joncourt et Olivier Le Tellier ou Carole Martinez ?
En tout cas, pas de lézard, l’on se souviendra de l’entretien donné par Richard Ford : l’écouter parler de la littérature et du monde en véritable humaniste avec tant de sensibilité et d’humilité m’a vraiment donné envie de lire ses livres (L’Etat des lieux ; Indépendance ; Un week-end dans le Michigan ; Ma mère, éd. de l’Olivier).
Il faudrait encore évoquer Atiq Rahimi (Singué sabour, pierre de patience, P. O. L.) dire des poèmes en persan accompagné à l’oud par le musicien de jazz Claude Barthélémy, et puis les apéros littéraires du comité de lecture et ceux de la librairie Poivre d’Ane, moments empreints de Convivialité. Sans oublier les jeux littéraires et ateliers d’écriture ouverts à tous, dont la proposition intitulée « Cent nouvelles de toi », chantier d’écriture qui s’est déroulé durant une journée non stop du lever au coucher du soleil (si, si, j’y étais !) organisée par le réseau Interlignes. Les informations et textes écrits pendant l’atelier sont à retrouver sur le blog.
Et vous ? Aimez-vous Manosque ?
Allez, l’an prochain on part tous en bus à Manosque ! Tu me fais rêver, Dominique.
@ Dominique : je me suis permis de mettre en ligne ton article, qui n’était peut-être pas fini, pour des raisons de contrainte technique (il fallait un article au moins par rédac chef pour pouvoir éliminer les « faux articles » mis en ligne lors de la construction du site)
ceci restera exceptionnel et j’espère que ça ne te pose pas de soucis.
tu peux rééditer et corriger ton article autant de fois que tu le souhaites.
excellent we à tous !
Je vais aussi avec toi Kathie.Dominique tu nous fait envie..
Bravo à tous !
Je suis très impressionnée de voir le contenu du site déjà très important ! En plus, il est agréable dans la navigation (ça c’est surtout pour Nicolas). Quand au contenu, c’est très varié à la fois sur les approches et sur les sujets traités. Vraiment, un grand bravo à toute l’équipe de rédacteurs!!!
merci fabienne 🙂
On espère tous que tous les artistes présents à Noirlac viendront contribuer sur Chermedia lors des Futurs de l’Ecrit 😉