Ecoutez, réécoutez Couté


Sous le sapin, des CD (et oui, j’aime l’objet…)

Et, parmi eux « Le discours du traîneux : poèmes et chansons de Gaston Couté » interprétés par Hélène Maurice, Bernard Meulien et Gérard Pierron

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Au début, l’accordéon… Un peu mélancolique… Puis surgissent les textes : vous connaissez Couté (1180-1911) ? Vous l’avez déjà écouté ? Vous l’avez déjà dit ?

Au détour du siècle, on le classe comme poète beauceron, libertaire, un peu chansonnier (une brève carrière dans les cabarets montmartrois), bref « un gâs qu’a mal tourné ».

Parce que la langue qu’il emploie n’est pas celle des beaux quartiers mais celle de son enfance de paysan beauceron, le « jolis patois de chez nous »…

Parce qu’il touche à l’essentiel : la vie, la mort, la révolte face à tous les conformismes…

Avec des interprètes qui portent haut les valeurs du poète : la voix puissante et rocailleuse de Bernard Meulien, la musique tendre et prenante de Gérard Pierron, l’accent québécois d’Hélène Maurice. Si vous croisez leur chemin, vous passerez un moment fort en émotions. Sinon, écoutez le CD, vous vous y croirez !

Allez je ne résiste pas :  » L’enfermée « 

J’vis cheu mes enfants pas qu’on m’trouv’ berlaude

I’s m’coup’nt du pain blanc rapport à mes dents

I’s m’donn’nt de la soup’ ben grasse et ben chaude

Et du vin, avec deux bouts d’sucr’ dedans

I’s font du ben-aise autour de mon âge

mais çà, c’est l’méd’cin qu’en est caus’ bien sûr

I’s m’enferm’nt dans l’clos comme eun’ pie en cage

Et j’peux pas aller pus loin qu’les quat’murs

La porte !

I’s veul’nt pas me l’ouvrir’, la porte !

Quoué que j’leu-z-ai-fait, qu’i’s veul’nt pas que j’sorte ?

Mais ouvrez-la moué donc la porte !

Hé ! Les bieaux faucheux qui part’nt en besogne !

Non ! J’sés pas berlaud’ : j’ai tous mes esprits !

J’sés mêm’ core solide et j’ai forte pogne.

S’i vous faut queuqu’un pour gerber, v’nez m’qu’rir

J’voudrais ben aller aux champs coumm’ tout l’monde

J’ai hont’ de rester coumm’ ça sans oeuvrer

A c’tte heur’ qu’i’ fait doux et qu’la terre est blonde

Si vous m’défermez, c’est vous qu’hérit’rez

La porte !

I’s veul’nt pas me l’ouvrir’, la porte !

Quoué que j’leu-z-ai-fait, qu’i’s veul’nt pas que j’sorte ?

Mais ouvrez-la moué don’ la porte !

Hé ! Mon bieau Jean-Pierr’, qu’est déjà là qui fauche

I’s dis’nt que j’sés vieill’, mais tu sais bien qu’non

A preuv’ c’est que j’sés core tell’ment gauche

Que j’fais l’coqu’licot en disant ton nom

Va, j’nous marierons tout d’même et quand même.

Malgré qu’t’ays pas d’quoué pour la dot que j’ai !

Viens-t’en m’défermer si c’est vrai qu’tu m’aimes

Et courons ach’ter le bouquet d’oranger !

La porte !

I veut pas me l’ouvrir’, la porte !

Quoué que j’ly ai don’ fait, qu’i’ veut pas que j’sorte ?

Mais ouvre-la moué donc la porte !

Mais l’galant qu’j’appell’, c’est défunt mon homme

Mais les bieaux laboureurs pass’nt pas de c’temps là

Mais ça s’rait donc vrai que j’sés berlaud’ comme

I’s racont’nt tertout ? I’ fait du verglas

Pourtant, y a queuqu’un qui passe à la porte ?

C’est môssieu l’curé, les chants et l’bedieau

Qui viennent défermer su’ terr’ les vieilles mortes

Pour les renfermer dans l’champs aux naviots

La porte !

On me l’ouvrira ben la porte :

L’jour de l’enterr’ment faudra bien qu j’sorte !

Vous l’ouvrirez que j’dis, la porte !

Un CD enregistré aux Bains-Douches de Lignières



A propos de Christine Perrichon

Les autres... Mes copains d'école... Eux, ils jouaient aux pompiers, à l'école, au docteur... Moi ? A la bibliothécaire : j'avais même fait des fiches dans mes livres pour pouvoir les prêter... Ajoutez à ça d'avoir été pendant longtemps l'une des plus jeunes lectrices de la bibliothèque d'O. Et, chaque mercredi : " Quel est ton numéro de carte ? - 2552 - Mais non, tu te trompes, tu es trop petite pour avoir ce numéro là (les enfants de mon âge avaient un numéro supérieur à 4000)" Et puis, on ne pouvait emprunter des romans que si on empruntait des documentaires... C'est comme ça que j'ai lu toutes les biographies des peintres, musiciens, sculpteurs et même aviateurs ou chercheurs... Au moins, ça me racontait la vie ! Et je me disais : " Si j'étais bibliothécaire... je laisserais les enfants choisir ce qu'ils veulent lire..." Alors, quelques années plus tard, face au grand saut dans la vie professionnelle, comme une évidence : je serai BIBLIOTHECAIRE !!! Et depuis plus de 20 ans, de bibliothèques municipales en bibliothèques départementales, mon enthousiasme est intact : - Quand les cartons de livres commandés arrivent, c'est chaque fois un peu noël... - Quand je peux échanger sur les livres ou les CD que je viens de découvrir, c'est chaque fois un moment de bonheur... - Quand les outils numériques viennent bouleverser nos pratiques, c'est la plongée excitante vers l'inconnu... Une nouvelle aventure s'ouvre maintenant ! Chermedia, notre plateforme d'échanges et de partages

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