Jean-Philippe Blondel, Ed. Buchet Chastel.
J’avais déjà lu quelques romans de J-Ph Blondel, dont Le Baby Sitter et G229. C’est un homme discret, prof d’Anglais à Troyes, qui parle très simplement de la vie quotidienne, des gens ordinaires et de la difficulté d’être « normal ». Ce roman, qui sent l’autobiographie, montre que pour l’auteur, être normal ne va pas de soi: à 22 ans, il a perdu son père dans un accident de voiture. Cinq ans plus tôt, dans un autre accident, sa mère et son frère aîné avaient déjà trouvé la mort. C’est un peu trop pour un seul homme. Après avoir tout vendu, il part avec ses deux meilleurs amis (un garçon et une fille) pour un road movie sur la côte Ouest des Etats-Unis. Et là, au lieu de se perdre, comme prévu, comme espéré, il se trouve, ou plutôt, il trouve en lui la force de vivre malgré tout.
C’est sobre, juste, émouvant, et on comprend que les romans précédents de l’auteur, aussi réussis soient-ils, n’étaient que des gammes. Il savait bien qu’un jour, il lui faudrait passer par le récit de cet été 86, qui a fait de lui l’homme qu’il est. Ce n’est pourtant jamais complaisant ni nombriliste, il a trouvé la bonne distance pour parler de l’enfance, des parents, du frère, de l’amour et du deuil. Ce qui fait de ce « roman » à la première personne un parcours initiatique où chacun peut se retrouver.