« Autrefois, il y eut une fameuse nuit. C’était la pleine lune d’Avril, la Dame Blanche était prise dans les hordes venteuses venues de l’Ouest. Le Corniaud marchait la tête en l’air, le nez plissé, poussant de petits cris. Lui qui courait le bois c’était le fou, le simple du village, l’éponge de la lune. On l’appelait Corniaud car il portait de petites cornes invisibles. Cette fameuse nuit, il meuglait dans le vent, braillant à la lune en suivant le vallon, là où l’eau avait jailli…
Il dépassa la masure du René sans la voir. La cabane du Cardeux était dans la tourmente : l’eau ruisselait partout, la boue jaillissait des profondeurs. L’ombre du Corniaud et l’énorme bosse du vallon ne faisaient plus qu’un.
Ainsi commença la fameuse nuit. Où sont passés les bardes et les trouvères pour chanter nos héros ? Y a t’il encore un ménétrier pour faire danser son violon sur La geste du Corniaud et du Cardeux ? Il faut tout faire ici ! Vous qui m’écoutez, si vous pensez qu’il faut ramer jusqu’à l’île de Pâques pour être décoiffés par les grandes images, apprenez ce que fut la Sologne : une Grèce authentique où notre Orphée était fait de deux moitiés de robustes solognots : un corniaud et un cardeux dans un même homme, qu’on appellera Loïc. »
Avec cette épopée solognote digne de la Grèce antique, Patrick Fischmann et Dominique Forges nous plongent dans l’imaginaire fécond et méconnu du Pays Fort. La deuxième histoire, La barque, verra la Loire servir de passage vers l’autre monde. Enfin, la Fille Chauve-souris et Le gîte aux loups nous emporteront dans la poésie et les images cocasses.
Accompagné par Dominique Forges, compositeur et musicien traditionnel,
Patrick Fischmann tisse la trame de ses contes et de ses chansons sur la musique même des paysages, ces bourdons, ces timbres et ces harmoniques créés spécialement pour LA FAMEUSE NUIT.
Conte, chant, vielles soprane et basse, violon, pinet, flûte, tambour, guitare et concertina.
» Ecoutez bien, gens de Sologne, tandis que vous dormiez, la sauvageonne était de retour et le tertre reprenait sa place dans ce monde ! «
» Il alla ouvrir. Une beauté de l’autre monde était sur le seuil. René la reconnut, l’ayant vue à Sainte-Montaine un soir qui nettoyait la Belle fontaine du pesant va et vient des hommes. «