La littérature contemporaine en ligne : #1 retour sur la journée de formation du 19 juin 1


Nous étions 18 bibliothécaires du Cher curieux de littérature et de numérique, à accueillir Christophe Grossi le 19 juin dernier.

Ancien libraire Aux Sandales d’Empédocle, puis représentant pour les éditions Les solitaires intempestifs, La Dragonne, Sabine Wespieser, Christophe Grossi anime aujourd’hui avec un grand dynamisme le blog de médiation consacré à la littérature numérique : le blog ePagine (une cinquantaine de libraires partenaires, de la petite à la grande librairie).

C’est ce parcours inscrit de longue date dans l’amour de la littérature et évoluant à l’avant-garde des mutations que vivent actuellement les acteurs du livre, qui nous a incité à l’inviter.

Christophe Grossi formateur à la DLP18

Christophe Grossi formateur à la DLP18

Les attentes des stagiaires pointaient bien les problématiques rencontrées actuellement par les bibliothécaires :

? découvrir les auteurs du web, domaine très mal connu,

? se repérer dans une offre non explorée mais qui leur semble pourtant foisonnante,

? être médiateurs de cette littérature auprès des usagers des bibliothèques.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Christophe a soulevé plein d’interrogations autour de la notion d’auteur numérique : sur ce qui fonde sa légitimité , sur la notion de mise en ligne publique du carnet personnel (est-ce que ce carnet fait oeuvre ou non?), sur le rôle et la place de l’éditeur, sur la question de l’autoédition (puisque tout un chacun d’un clic peut être lu par tous), sur l’interactivité avec le lecteur, sur la place ou l’absence de place des intermédiaires éditoriaux, sur la remise en question des modes de sélection et de prescription des textes littéraires …

Et autant vous l’avouer, il nous a un peu mis la tête à l’envers !

Pendant ce temps là sur twitter, la communauté réagissait en direct grâce au live twitt :

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De fil en clics, des questions plus techno ont également émergé : celles des DRM, des types de fichiers, .PDF, ePub .

Christophe Grossi est ensuite passé à la présentation d’un choix de  maisons d’éditions francophones 100% numériques spécialisées en poésie et littérature , érotisme, SF, BD, arts, jeunesse, parascolaire : au total 25 éditeurs avec un focus particulier sur les éditions  Emue.fr, è®e éditions, ONLIT éditions, Publie.net.

Nous nous sommes ensuite intéressés aux revues littéraires, qui ont toujours été le creuset de nouvelles expériences d’écriture. Ce rôle est aujourd’hui dévolu en grande partie aux revues en ligne, aux webzines, aux sites collectifs : ActuSF, la Cause littéraire, le Fric-Frac Club, Oeuvres ouvertes, Poezibao,  remue.net, Urbain trop urbain…

photo poésie rt remue et guenael

De la même façon, les sites et blogs collaboratifs, les rendez-vous mensuels,  permettent des écritures inventives et partagées autour d’un projet, souvent avec contraintes, et nourries des expériences du « lire-écrire » des participants : les 807, le convoi des glossolales, les vases communicants, le multi formes et disséminé Général Instin.

Des auteurs, parfois encore peu connus du grand public, émergent sur la toile : tels Cécile Portier, Emmanuel Delabranche (cliquer sur les photo pour accéder aux textes, lorsqu’il y en a),  Christine Jeanney, Fred Griot, Ana nb, Edgar Kosma, … (pour n’en citer que quelques-uns parmi plus de 78 noms listés par Christophe Grossi). Certains d’entre eux concentrent leur activité d’écriture essentiellement sur leurs blogs : Francis Royo, Brigitte Célérier, … D’autres, déjà réputés car édités aussi sur papier, créent en parallèle, ou bien de manière de plus en plus privilégiée, des textes en ligne : François Bon, Claro, Eric Chevillard, Chloé Delaume…. Ou re-créent des objets-sites qui viennent enrichir leurs livres édités papier : Anne Savelli prolonge ainsi son livre Frank sur le blog Dans la ville haute.

photo bj fbon

photo prise la veille à Bourges, par Christophe Grossi, sur un mur

Cette littérature, récente, multiformes, qui s’invente quasi en direct sous nos yeux de lecteurs, est totalement inédite et réserve des surprises auxquelles les bibliothécaires-stagiaires ont été éminemment sensibles. Fort de ses lectures, mais aussi parce que lui même écrit très régulièrement sur son blog Déboîtements,  publie nouvelles et romans en éditions 100% numériques ainsi que dans des revues en ligne, à lire absolument chez ONLIT Le geste qui pousse au précipice, et chez Publie.net (chroniqué sur Livre au Centre ) Va-t’en va-t’en c’est mieux pour tous le monde, Christophe Grossi a parfaitement su nous guider et nous transmettre sa passion de la littérature numérique en ligne.

c grossi va t'en va t'en c'est mieux pour tout le monde rt de Thaumier

En attestent les retours des participants :

« découverte d’un sujet passionnant et riche« , « très intéressant, foisonnant« , « a éveillé notre curiosité« , « nouveau domaine qui s’ouvre à nous, beaucoup d’interrogations », « m’a permis de découvrir certaines pratiques des auteurs blogueurs« , « se fait s’interroger sur notre rôle de bibliothécaire« .

Toutes et tous envisagent de prolonger cette première approche et souhaitent « aller explorer tous ces sites pour les découvrir plus en détail« , « partager avec les collègues et le public« , « se faire médiateur de ces nouvelles approches littéraires finalement à la portée de tous« .

Alors pari largement réussi puisque l’approche de Christophe Grossi « rend du coup moins virtuel le numérique » –  donne l’envie de se former soi-même, de prolonger ces découvertes, de partir en exploration, et aller lire ces textes contemporains en ligne !

Un grand merci @christogrossi;-)

les mercis

article de Dominique Laganne, Isabelle Rondeaux, Kathie Durand, Laurent Jenger


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Commentaire sur “La littérature contemporaine en ligne : #1 retour sur la journée de formation du 19 juin

  • christogrossi

    Dominique, Isabelle, Kathie et Laurent, un grand merci pour ce compte-rendu très fidèle même si trop élogieux 🙂 !

    Ce qui s’est passé à Bourges ce jour-là a été important pour moi aussi. Cette mise à distance (chose trop rare) était essentielle pour partager et transmettre au mieux ma pratique/expérience en littérature, dans le « lirécrire », ainsi que dans mon travail de médiation, au quotidien, dans la cité et sur le net.

    Quand à la fin de la journée les bibliothécaires présents sont partis en disant Merci avec un sourire jusqu’aux oreilles et l’envie d’aller plus loin, quand soudain quelqu’un a dit qu’il/elle n’aurait pas imaginé qu’il se passait ça aujourd’hui sur la toile, là j’ai compris qu’il s’était passé quelque chose !

    Si prochaine fois il y a, j’irai en effet plus rapidement au cœur du sujet. J’ai bien senti que c’était trop compliqué de démarrer sur ces questions-là, des questions que j’aurais dû aborder en fin de formation.

    Une fois encore, grand merci pour cette invitation (je n’oublie pas la balade dans Bourges la veille au soir et la visite de la bib après la formation) ainsi que pour ce très bon moment passé ensemble autour de ce qui se crée actuellement et qui n’est pas assez médiatisé (mais ça va venir).

    Demain, je posterai un billet sur le blog ePagine où j’inviterai les internautes à lire votre compte-rendu. Et dès que possible je publierai sur déboîtements un récit en images de cette virée dans le Cher.

    J’ai cru comprendre que ce billet, le vôtre, était le premier d’une longue série. J’ai hâte de lire la suite, de connaître vos impressions, vos découvertes… !

    À très bientôt,
    ChG