Louis Le Calvez, alias Michel Le Quéré avait déjà conté ses premiers souvenirs d’enfance (sous forme romancée) dans « Les terres de Montbout » ; il poursuit son récit avec La Maison du Vernet, située du côté de Meaulnes.
Au début des années 50 le petit garçon doit quitter la ferme de ses grands-parents pour aller dans la maison du Vernet et il se sent déraciné : « On m’arrachait à Montbout pour me déposer dans le grand chagrin vert d’une contrée pleine de mystère ».
Dans de courts chapitres, Louis Le Calvez nous raconte sa vie quotidienne entre un père qui travaille jour et nuit, une mère « la Colette » soucieuse de la bonne éducation de son fils, sa petite soeur « la Dany », toujours très sage ; il découvre petit à petit son nouvel environnement, et surtout va rentrer à l’école ce qui va transformer radicalement sa vie.
J’ai savouré en particulier les pages consacrées à son apprentissage de la lecture et son amour des livres (jubilatoire pour une bibliothécaire): « Il me semblait que l’objet livre me contenait en puissance, que la faim de le tenir entre mes mains correspondait à une drôle d’envie : celle de comprendre l’étranger que je regardais parfois dormir en moi. »
Mais l’écrivain ne se complait pas dans les images d’Épinal ; il évoque aussi ce qu’il appelle sa part d’ombre, ses colères, ses bêtises, ses frustrations, son amour brûlant et non réciproque pour Sylviane ; on pourrait dire qu’il y a dans ce livre un peu de Pagnol, de Bazin et de Pergaud.
Roman du terroir, roman de l’après guerre, roman d’apprentissage, hommage aux parents et grands parents, il y a tout cela dans ce livre plein d’émotion et de poésie qui vient de paraître aux éditions La Bouinotte.