Le Dernier des Baptiste de Jean-Marie Chevrier aux éditions Albin Michel
Baptiste Lamy serait-il le dernier d’une longue lignée d’agriculteurs creusois ?
Tout pousse à le croire dès le premier chapitre du roman où Baptiste 46 ans, est victime d’un grave accident dont il sortira vivant mais avec un lourd handicap.
Jean-Marie Chevrier retrace le parcours de ce paysan devenu un ours solitaire au fil des rencontres ratées, des espoirs déçus, des stratégies maternelles dérisoires. Il vit avec sa mère, n’a ni femme ni enfant, a cependant quelques amis (surtout Maxime, le fidèle des fidèles), travaille sa terre, élève ses vaches, bichonne ses rûches. Cette vie simple et rude, l’auteur nous la livre avec beaucoup de réalisme mais sans pathos. On n’est pas dans le « c’était mieux autrefois », dans l’image d’Epinal, on est dans la vraie vie de la campagne creusoise avec ses petits plaisirs, ses gros soucis et surtout la passion du métier de paysan.
Ainsi Baptiste se sent heureux en conduisant ses vaches vers un nouvel herbage :
« Il aimait ce moment où son corps entraînait à sa suite dix-huit bêtes galopantes…Il entendait dans son dos le grondement des sabots, comme une armée en marche, un bruit d’eau et de tonnerre qui dévalait avec lui. Il était le chef. Elles l’auraient suivi au bout du monde. Il le sentait. »
Des phrases courtes mais travaillées, une langue simple mais précise, un rythme, un souffle entraînent le lecteur d’une traite jusqu’au bout du récit dont je ne dévoilerai pas ici l’épilogue afin que vous le découvriez vous-même.
Malgré les différences de style, de conduite du récit, je rapprocherais cependant Jean-Marie Chevrier de Marie-Hélène Lafon qui, à travers ses romans dépouillés mais lyriques, dépeint la « fin » des paysans auvergnats (notamment dans « les Derniers indiens »).
A conseiller à tous les amateurs de romans du terroir qui sortent des sentiers battus…
Bien appétissant, Marie-Jeanne;-) Pas sûr pourtant que les Paysans aient moins d’avenir que les zexploitants agricoles, sur le long terme.