N’est pas le grand méchant loup qui veut.
Pas facile pour notre héros des campagnes de se conformer à la figure légendaire qui fait frémir basses-cours et petits enfants. On pourrait même dire qu’il y a comme une erreur de casting. Impossible d’effrayer la ferme voisine. Point de cris d’effroi quand il passe le petit bois, point de plumes qui volent en éclat quand dans le poulailler il s’introduit tout bas… Dépité mais borné, il s’en remet à son compère le loup qui saura lui transmettre son savoir-faire ancestral … CQFD.
N’est pas rusé comme le renard qui veut.
Ou alors il a oublié … – car même à la ferme, on ne le prend toujours pas au sérieux -. Ne parvenant donc pas à ses fins, il continue d’appliquer à la lettre les recommandations de son maître, avec une obstination qui force l’admiration.
Quelle destin se trame pour lui ? Quelles embûches devra-t-il déjouer ? Il faut le voir se relever après chaque échec tandis que chaque péripétie le confronte à de bouleversantes questions identitaires.
Attendrissant sans le vouloir, loser sur les bords et au milieu, notre goupil préféré se prend inexorablement les pieds dans le tapis. Sa persévérance n’a d’égal que l’expressivité de son regard qui nous transperce le cœur autant qu’il active nos zygomatiques dans de grands éclats de rire !
Un parcours trépidant, trébuchant, hilarant… un récit drôlement initiatique d’une fraîcheur recommandable, de l’humour à chaque dessin…, un album qu’il faut donc absolument mettre entre les mains des petits, des grands, des tristes et des contents.
Le grand méchant renard, Benjamin Renner. éd. Delcourt (Shampooing), 2015 – 189 p.
En supplément : une aventure inédite interactive par Benjamin Renner
RENNER, REISER, filiation (ortho)graphique, non??
Excellente nouvelle : « Le grand méchant renard » a obtenu, (le 19 janvier) le prix BD Fnac 2016 !