A lire d’urgence ! Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas (éditions de l’Olivier)…
« C’était la crise. Vous vous souvenez ? Cela se passait jadis, il y a une éternité, l’année dernière. » Ainsi commence le livre de Florence Aubenas et un voyage dans la précarité de la France d’aujourd’hui… Vous en avez sûrement entendu parler : début 2009, Florence Aubenas, journaliste et grand reporter, s’est installée dans une ville de Basse Normandie et s’est inscrite au chômage en conservant son nom et en indiquant pour tout bagage le baccalauréat… Elle nous fait le récit de cette expérience… Elle était prête à prendre n’importe quel emploi (comme tout le monde ici lui fait remarquer la conseillère de l’ANPE, pardon du Pôle Emploi)… Mais, aujourd’hui, « on ne trouve pas un travail, on trouve des heures ».
« Est-ce que vous voulez commencer une nouvelle vie? Agent d’entretien, qu’est-ce que vous en pensez ? Les métiers de la propreté, c’est l’avenir mais il faut se décider maintenant… » Voilà comment, après un petit quart d’heure au Pôle Emploi, son orientation professionnelle se dessine… Et c’est le début des multiples employeurs (les ferrys de Ouistreham, le camping du Cheval Blanc, le laboratoire d’Hérouville Saint Clair,…), des heures de travail non rémunérées (« Vous verrez, c’est vraiment tranquille là-bas, vous en aurez pour 3h maximum et votre contrat prévoit 3h15 », en fait, il leur en faut 2 de plus qui, évidemment ne sont pas payées), des heures de transport incalculables, des conditions de travail extrêmement difficiles, de l’épuisement total… Mais aussi les rencontres, Victoria, Philippe, Françoise, Mimi ou Marguerite, et les trajets de vie et rêves souvent inaccessibles de chacun d’entre eux… Mais aussi le regard sur une région autrefois fleuron industriel dont la désindustrialisation a balayé les modes de vie…
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« Les livres peuvent-ils changer quelque chose ? A la réalité, peut-être pas, mais à la perception que nous en avons, oui. Encore faut-il qu’ils soient justes, non seulement dans les mots employés, mais dans le ton. …. Une fois le livre terminé, on se dit que non, jamais on ne verra plus les choses du même œil. » (Raphaëlle Rérolle – Le Monde.fr)
> écoutez l’émission du mardi 9 mars 2010
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