20 bibliothécaires du département sont allées visiter le théâtre de l’Odéon dans le cadre des animations coordonnées autour du théâtre le mercredi 12 juin.
Train, métro, marche à pied, et enfin les colonnes du théâtre ; Juliette Caron, documentaliste, brosse un historique du lieu depuis l’extérieur du bâtiment.C’est le plus ancien théâtre-monument de Paris et il a demandé 2 ans de construction (1780-1782) ; il a connu bien des heurs et malheurs de la Révolution à nos jours : incendies, changement de nom, réaménagement,…
Nous entrons dans le théâtre, désert à cette heure matinale (pour des artistes !) . Première volée de marches , petits guéridons, chaises , arrêt devant une sculpture :
il s’agit d’André Antoine , directeur de l’Odéon de 1906 à 1914, inventeur de la mise en scène (avec costumes réalistes, éclairages,…) et de la direction d’acteurs.
Juliette Caron nous conduit ensuite au premier balcon pour nous conter l’histoire de la salle de spectacle. Les styles de la déco sont disparates ( 19ème et 20ème siècles font bon ménage, finalement) ; nous apprenons aussi que l’Odéon est le premier théâtre à avoir mis des bancs au parterre, que la scène a été baissée et mise à plat en 2002 ( d’où un changement d’acoustique). Pendant ses explications nous voyons les techniciens s’affairer sur la scène où évolueront ce soir les acteurs dans Le Misanthrope mis en scène par Jean-François Sivadier.
J.C. répond volontiers aux questions des bibliothécaires.
Pourquoi le nom Odéon-théâtre de l’Europe ? en 1983 Girogio Strehler voit aboutir son projet de brasser les diversités culturelles en programmant des spectacles de toute l’Europe avec l’adhésion de Jack Lang.
Qui est directeur du théâtre aujourd’hui ? Luc Bondy depuis 2012,…
…On terminera la matinée de manière sportive en grimpant des escaliers un peu raides pour atteindre laMédiathèque Jean-Louis Barrault, antre de notre guide où livres, photos, affiches, programmes, vidéos d’archives sont consultables sur rendez-vous.
Mais déjà il faut redescendre, on jette un coup d’oeil furtif à l’étage des loges et on remercie notre guide avant de foncer Bld Berthier pour un repas rapide mais convivial.
A 15 heures nous assistons à la représentation de Cendrillon de Joël Pommerat. Le public est hétérogène (de 7 à 77 ans) mais tous les spectateurs sont captivés par une Cendrillon en proie à au chagrin violent d’avoir perdu sa mère et qui finira par « sortir de sa chrysalide »…Eclairages (et noir complet), vidéos, costumes, voix off, costumes, tout contribue à nous étonner et nous émouvoir (énerver aussi un peu pour certaines…).
Une dernière « marche rapide » pour quelques courageuses jusqu’au 104, lieu d’expérimentations artistiques, de rencontres, de répétitions, d’expositions (nous avons pu voir de superbes sculptures de Keith Haring).
Fatiguées mais très contentes de toutes ces découvertes, nous avons continuer à échanger pendant le trajet du retour sur le théâtre, la mise en scène, les acteurs, les programmations…et les prochains voyages d’études.
J.Pommerat revisite et adapte le mythe de Cendrillon,elle s’appelle Sandra et vit dans une famille recomposée.L’incompréhension des mots inaudibles murmurés par la mère mourante conditionne la vie de Sandra.Une énorme montre à la sonnerie assourdissante lui rappelle sans cesse de penser à sa mère…La perte de sa mère développe chez Sandra une forme de masochisme,un sentiment de culpabilité et une dévalorisation de sa personne…pour la plus grande satisfaction de sa belle-mère qui la condamne à devenir une jeune-fille corvéable à merci,et lui inflige une gradation des sévices moraux et corporels(corset). La belle mère à la personnalité narcissique ne se voit pas vieillir,elle se verrait bien épouser le prince charmant!…Ses deux filles sont méchantes et le père de Sandra est veule et faible… Les mensonges entretenus,l’imagination fertile, la communication difficile compliquent les relations des protagonistes. Les paroles des enfants ne sont pas entendues(Tais-toi, On ne discute pas etc). La fée se plaint de son immortalité! et quand elle utilise ses pouvoirs elle déclenche un véritable cataclysme (effets spéciaux très spectaculaires,scintillements, sons cristallins,bruits terrifiants, fumées…)Et,pour couronner le tout, le prince n’est pas vraiment charmant!…Costumés en habits d’époque Louis XIV, le père, la belle-mère et les deux jeunes filles sous les flashes des appareils photos se rendent au bal donné en l’honneur du jeune Prince, hélas décalage et malentendu total!… Les invités swinguent sur une musique reggae…Malgré la dramaturgie la magie de la mise en scène opère (maison de verre,jardin,projections vidéo,espaces mouvants,mélodies cristallines, musiques et bruitages…)Pour terminer la pièce, la scène de la mère mourante est à nouveau projetée…La voix off de la narratrice à l’accent étranger: »Bien sûr ça la rendit triste de revoir ainsi sa mère et de réaliser à quel point elle l’avait mal comprise.Mais, à partir de ce jour, quand elle pensait à elle, c’était de la force qu’elle ressentait… » Dernière scène, Sandra et le Prince se déchaînent en dansant sous une lumière stroboscopique et une musique tonitruante… » Voilà c’est fini.Même les erreurs ont une fin heureusement.Alors moi,je me tais et je m’en vais » … »C’est pas si simple de parler et pas si simple d’écouter » avait prévenu la narratrice…Mais, voilà à chaque spectateur sa lecture,son analyse et ses émotions…c’était tout simplement génial!!! Merci à toute l’équipe de la D.L.P. de nous offrir d’aussi belles sorties. Danielle RIO.