Suite des rencontres avec des écrivains et poètes mongols
Né dans la province de Bayan-Olgii, dans l’Ouest, au sein d’une famille de nomades Touvas, Galsan Tchinag a beaucoup publié en langue allemande, langue à partir de laquelle sera traduite une grande partie de son œuvre, et cela dans de nombreux pays dont la France, notamment aux Éditions Picquier. Chantre d’une mémoire séculaire, initié dans l’enfance au chamanisme, il peint des personnages rudes où les sentiments humains se mêlent aux éléments, où les grandes forces de l’univers traversent puissamment les paysages et les hommes. Dans Ciel Bleu, il raconte sa petite enfance, un chant d’amour adressé aux siens et à son pays.
Voici un extrait de Belek, une chasse dans le Haut-Altaï, paru chez Picquier Poche
» -Il t’a mordu ? -Je ne sais pas fut la réponse.
Le loup n’avait pas mordu le berger, l’adage s’était vérifié. Parce qu’il avait été brutalement tiré le long de la galerie étroite hérissée de pierres, ses vêtements avaient été déchirés, sa peau aussi, aux mains et au visage. Le troupeau, lui, était invisible. Le berger se leva et, boitant d’une jambe, partit sans un mot de plus. »
G.MEND-OYOO est l’un de ces derniers mongols a avoir vécu le nomadisme traditionnel.
Il a appris à écrire sur la neige en s’occupant des animaux et se sent investi de cet héritage puisé au creux d’un imaginaire véritable, sollicité par la nature et allégé par cette absence de fourbi propre à notre culture. Il a publié une quarantaine de livres qui recouvrent presque tous les genres de la littérature.
Poète, calligraphe, il nous invite à retrouver le lien avec la Terre-Mère, à faire nôtres les trésors nomades en train de disparaître, il nous incite à nous vider du superflu pour mémoriser l’essentiel et le transmettre.
Avant notre départ, il nous a fait le cadeau d’ouvrir son exposition un jour avant le vernissage.
« Tes sourcils semblables à l’oiseau volant,
Ta silhouette claire,
Telle l’oiselle qui va sur la mer hurlante
Doucement, ballotée vers sa demeure
Comme si nous devions nous rencontrer
A la fin, bénis par toutes nos vies,
Éclos telles des fleurs devant l’arbre bodi,
Nus et pleins, nous, toi et moi, avec nos cent huit graines. »
(Trad. Patrick Fischmann)