Les Ignorants – Etienne Davodeau au Festival Angoulème regard 5 5


ignorants_davodeauLes Ignorants ? Mais quelle Ignorante je fais quand ma chère collègue et guide de BD me dit :  » Il faut aller voir la rencontre dessinée avec Davodeau « 
Une rencontre dessinée ??? Je ne connais pas … Les Ignorants ??? J’ne connais pas non plus !
Et c’est parti … après une bonne nuit à Saintes (avec le chant des rossignols , n’est-ce pas H ?…), un trajet en bus avec le soleil et le ciel bleu …. nous voici à Angoulème, en centre ville, à chercher le théâtre …
Arrivées avec une demi heure d’avance, heureusement car il y a déjà une file d’attente … Il faut 60 personnes … Ouf ! On a notre place !
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Monsieur Davodeau arrive tout en s’excusant de ne pas avoir apporté de planches de dessin mais dépose sur la table des petits cahiers…
Il nous explique ainsi ce projet de BD documentaire avec un échange de savoir entre le monde de la bande dessinée et le monde du vin avecRichard Leroy, vigneron en Anjou .
Davodeau va ainsi s’immerger dans le monde de la vigne, avec le choix d’être dans la vigne, de travailler avec son ami. Il va ainsi remplir trois petits cahiers avec des croquis, des dialogues, des notes . « Quand les choses étaient techniquement plus difficiles à croquer, j’utilisais l’appareil photo numérique »
Il va faire découvrir le monde des bulles à son ami vigneron en lui donnant des bandes dessinées à lire, l’emmenant dans des festivals, lui faisant rencontrer des auteurs…
Ces petits cahiers sont en fait un embryon de scénario.
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Après, il travaille sous forme de storyboard chez lui, c’est l’étape entre l’écriture des cahiers manuscrits rapides et les schémas finaux. C’est là où tout se joue. Il travaille avec six cases dans une page  (« gaufrier ») avec emplacements des textes, des personnages tout simples avec éventuellement une légère expression. L’auteur nous explique qu’il redoute de figer les choses, que son travail évolue sans cesse ,que c’est pour cela qu’il ne se voit pas travailler avec un scénariste.

Ensuite, il dessine les pages en plus grand, il pousse le crayonné pour amorcer les personnages, le texte s’affine, il gomme, recommence …

Quand les dialogues sont trop longs, il fait une synthèse. « Il y a aussi, nous explique-t-il, des improvisations comme le passage avec la découverte de la Bd de Lewis Trondheim. Le viticulteur ne comprend pas pourquoi cet illustrateur avait mis un bec d’oiseau à son personnage. Davodeau envoie les pages de ce dialogue à Trondheim qui lui renvoie une page explicative. Une mise en abîme qui fait vivre cet échange, qui le fait évoluer, exister. « C’est une façon pour le livre de produire son propre carburant « .

Au niveau des textes, le vigneron avait un droit de regard sur ses propres paroles, pour le reste, ils en rediscutaient tous les deux à chaque fin de chapitre.

C’est là qu’il nous explique le statut d’Ignorant , »C’est donnant donnant . C’est dans l’ignorance qu’on est libre … elle ouvre la possibilité de l’initiation »… Pourtant Davodeau ajoute « mais ce qui rend libre, c’est le savoir « . Quelle ambiguïté… Il ajoute  » l’ignorance permet la liberté  » comme son ami vigneron qui ose lui dire « C’est pas bon .. » devant l’exposition de Moebius ! C’est tout ce chemin sur la route de la
découverte du savoir du vin ou de la BD qui fait la richesse de cet ouvrage .
Davodeau nous explique aussi qu’il est toujours en train de dessiner,de croquer la vie qui est autour de lui. Il a adoré croquer la vigne car « elle est assez graphique et donne envie du croquis ». Il dessine aussi pour éviter les tics, et voilà qu’il nous esquisse des personnes qui marchent à grands pas, avec un lourd fardeau, d’allure nonchalante … Il aime « croquer pour dépoussiérer son geste, choper des trucs. Il parle de la « mémoire de la main pour éviter la sclérose, pour revitaliser son dessin ».
Monsieur Davodeau nous livre pour terminer le sujet de son prochain ouvrage en collaboration avec Futuropolis et le Louvre. Eh oui… le livre aura une relation au Louvre. Il a accès permanent au Louvre, il pense pour l’instant que cela sera une fiction si cela ne change pas… On attend avec impatience Mr Davodeau !
Bref, c’était une première pour moi que cette rencontre dessinée, mais quelle  découverte. Ce fut un bon moment parmi tant d’autres à ce festival !
Encore un grand merci à la DLP et aux amis du Cher  😉
Et surtout « Les ignorants »  chez FUTUROPOLIS …. à consommer sans modération aucune …
Je dirais même plus, « Les ignorants » …. à consommer sans modération aucune … ainsi que ses BD précédentes « Les mauvaises gens », « Rural », « Lulu femme nue, « Chute de vélo » pour celles que j’avais déja lues et toutes les autres qu’il me reste à découvrir (la collègue).


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