Il y a soixante ans commençait un procès retentissant lié à la guerre d’Indochine.
L’inculpé, Henri Martin, était né à Lunery dans le Cher le 23 janvier 1927. Ajusteur à l’usine Rosières, il s’était engagé dans les rangs de la résistance communiste et avait participé aux combats de la Libération dans le département, puis à Royan. Démobilisé, il s’engagea dans la Marine et partit pour l’Extrême-Orient, où après la reddition du Japon, la France se lançait dans une guerre contre les indépendantistes indochinois.
Fidèle à ses convictions communistes, Henri Martin diffusa des tracts hostiles au colonialisme et fut accusé d’une tentative de sabotage sur les machines du porte-avions Dixmude. Jugé par un tribunal militaire à Toulon en 1950, il nia les faits qui lui étaient reprochés mais fut condamné à cinq ans d’emprisonnement. Le parti communiste en fit le symbole de sa lutte et mobilisa tous ses moyens de propagande pour le faire libérer. Les intellectuels compagnons de route du parti communiste, comme Eluard et Picasso, participèrent à la campagne. Une compagnie de théâtre, les « pavés de Paris », sillonna toute la France avec sa pièce Drame à Toulon.
Le comité départemental pour la libération d’Henri Martin du Cher s’illustra par son engagement précoce et son activisme. La grève de protestation du 20 octobre 1950 se conclut par l’exclusion des meneurs des Etablissements militaires. Le 28 septembre 1951, un meeting rassemblait plusieurs milliers de personnes à la Halle au Blé. Cette mobilisation pour l’enfant du pays a laissé des traces dans les dossiers de l’union départementale CGT, dont le classement s’achève aux Archives départementales du Cher. Henri Martin, gracié et libéré en 1953, a occupé de hautes fonctions au parti communiste. Il a publié ses souvenirs en 2009.