Médiathèque de Bourges – Retour sur le club-lecture du 2 avril


CLUBLECTURE(2)

 

Un roman estonien, Katrina Kalda, Gallimard, 2010. estonienPrésenté par Fabrice.

Présentation de l’éditeur.  1994. À Tallinn, Estonie, ex-république soviétique, depuis peu redevenue indépendante, August, un jeune homme introverti, rencontre Eerik Pall, homme politique et grand industriel, qui le fait entrer au journal Tänapäev. Sommé d’écrire un roman-feuilleton patriotique se déroulant à la fin des années 1980, August crée le personnage de Théodore, un étudiant engagé dans la dissidence antisoviétique.Épris de Carlotta, réplique littéraire de Charlotte, l’épouse d’Eerik, Théodore, le jeune héros, finit par se révolter. Il prend à son tour la plume pour révéler les secrets de son créateur et les dessous de l’Histoire officielle

« Ecriture », « originalité » ont été les maîtres mots du débat autour de ce roman de Katrina Kalda.

« Originalité », c’est ce qui a manifestement divisé les avis. Beaucoup ont décroché rapidement  du récit jugé complexe et touffu. Trop nombreux les va-et-vient entre récit et fiction effectués par August et le héros de son feuilleton historique, Théodore. Pas toujours facile  selon certaines personnes de suivre ce personnage inventé,  cet « antihéros » désincarné, auquel  il est alors difficile de s’attacher. 

« Ecriture » : unanimité des remarques pour parler de la maturité du style de l’auteur.  Certains ont déclaré la présentation très ingénieuse des personnages qui consiste à faire parler le héros de son auteur et non l’inverse.  Quant à la mise en abyme du roman, celle-ci  soulève une intéressante réflexion sur l’écriture de manière plus globale.

A tous de reconnaître chez cette auteure de 30 ans une écriture maitrisée. Rappelons aussi qu’il s’agit d d’un premier roman, pour Katrina Kalda, installée en France depuis ses dix ans.

Les rappels historiques de l’Estonie et les codes romanesques marqués par l’amour impossible entre August et Charlotte sont les points qui ont été mis en avant par les lecteurs. August est à l’image de ce « minuscule pays en pointillés, qui disparaît des cartes puis réapparaît », il s’émancipe de son auteur et se cherche, pareil à l’Estonie libérée depuis peu du joug soviétique. 

L’histoire de ce pays évoquée ici a aussitôt permis de faire un parallèle avec « Purge » le roman à succès de Sofi Oksanen, jeune auteur finlandaise qui revient sur le  passé estonien de sa famille. 

Il est d’ailleurs intéressant de remarquer  dans la nouvelle génération d’écrivains, bon nombre d’entre eux mettre en récit ou en fiction des évènements de l’Histoire dont ils n’ont pas été témoins mais qu’ont vécu leurs ainés,. Parmi ceux-ci , on citera Jonathan Little, Laurent Mauvignier, Jérôme Ferrari, Yannick Haenel, Fabrice Humbert, Laurent Binet, Arthur Dreyfuss…

* * *

Mangue amère, Bulbul Sharma, éd. Philippe Picquier, 2010. Présenté par Caroline.

mangue

Présentation de l’éditeurVoici un savoureux festin d’histoires où la nourriture et celles qui la préparent jouent le premier rôle. Des femmes y marient arômes et épices pour nous livrer tour à tour des recettes de vie où s’épanche la brûlante violence des currys, s’attarde le parfum entêtant d’une rivale ou se distillent les ingrédients doux-amers de la vengeance. Autant de secrets, de souvenirs qui nous plongent au coeur de la famille indienne, d’un monde opulent et magique où les vivants parlementent avec les morts qui viennent habiter leurs rêves, en des anecdotes tour à tour poignantes, drôles, macabres, inoubliables.

Ce recueil de nouvelles a beaucoup parlé au groupe, particulièrement sensible à l’évocation des  sentiments maternels qui animent les femmes indiennes. Des préoccupations universelles  qui se jouent dans un contexte en pleine mutation. Au décalage entre les enfants et leur mère répond le décalage des cultures. Tiraillées entre  le respect de la tradition et les désirs d’émancipation, ces femmes se soumettent à leur destin ou  font entendre leur voix, tout comme elles utilisent leur arme pour retenir leur fils : la cuisine.

Car c’est bien autour des repas et de leur préparation que se jouent ces histoires. La culture, les coutumes qui y sont associées nous en disent long sur le rapport que les Indiens continuent d’entretenir avec la nourriture, sur les relations très hiérarchisées qui subsistent entre les différentes générations, sur ces rituels culinaires qui rassemblent et éloignent à la fois.

Toutes ces histoires apportent un éclairage tout en couleurs de la condition des femmes en Inde, triste sort ont déclaré certaines personnes dans l’assemblée. Mais si la mangue est amère, elle est aussi sucrée. Le point de vue de l’auteur n’est ni fataliste, ni acerbe.  

Ces mille et une nuits version contemporaine retracent avec une abondante sensualité les anecdotes qui forment une vie. Bulbul Sharma y dévoile le courage que chaque héroïne exprime à sa manière.

Attention , la date de la prochaine et dernière séance a changé. Elle aura lieu le samedi 14 mai, à partir de 10h15. (Ouvert à tous)

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

− 2 = 1