Mamoru, se trouve, malgré lui, mêlé à cette étrange affaire. Malgré lui, car cet adolescent blessé dans son enfance a fort à faire avec son quotidien. Abandonné par son père, considéré comme un voleur par la société suite à un détournement de fond, élevé par une mère dépressive qui finira par mourir, il sera recueilli par sa tante. Élève persécuté par des camarades d’école, il n’a de cesse de chercher à comprendre son père et, qui sait, le retrouver. Un jour, tout bascule. Son oncle, chauffeur de taxi, renverse une jeune femme.
Et si cela n’était pas un accident ? Et si cette malheureuse s’était jetée délibérément sous les roues du taxi. C’est ce que va chercher à découvrir Mamoru. A partir de là, tout s’emballe. Trois jeunes femmes ont trouvé la mort récemment. Pour chacune d’entre elles, cela ressemble a un suicide. Et pourtant est-ce véritablement une coïncidence ? Se connaissaient-elles ? Plutôt que de suicides, ne s’agirait-il pas de meurtres. Il découvre que cette dernière est la troisième d’une série, qu’une quatrième jeune fille est en danger et surtout, que tout semble basé sur la manipulation. Manipulation d’un homme que la vengeance dirige et qui jusqu’à la veille de sa mort tentera de manipuler ceux qui l’approche.
Une fois campé le décor et les personnages, l’atmosphère s’installe. Angoisses, menaces, soupçons, autant d’éléments qui plongent le lecteur dans un univers noir. Noir comme les nuits où Amoru arpente la ville à grandes enjambées pour chercher, oublier, trouver… Sentiments contraires qui l’emmènent sur des pistes divergentes, trop parfois…
Son histoire, les histoires se mêlent, se croisent pour apporter une touche de suspens supplémentaire. Quête du père, quête de l’identité, quotidien de l’adolescence, poids de la société qui condamne à travers le passé.
Société qui par ses travers ou ses dérives contraint des jeunes femmes à marchander leurs attraits sous forme d’arnaque, arnaque qui peut mener à la mort.
Société qui met en place des systèmes de manipulation du cerveau humain afin d’influer sur les actions des uns et des autres et prendre le pouvoir.
L’auteur nous entraîne à travers ce récit dans des réflexions qui dépassent largement le cadre du roman policier. Roman quelque peu atypique donc, par le choix du protagoniste (un adolescent), et par les thèmes abordés parfois proches du fantastique (manipulation de l’homme).
Le diable chuchotait / Miyabe Miyuki, trad. Japon par Myriam Dartois-Ako.- Editions Philippe Picquier