Atmosphère particulière à la salle polyvalente de Méry es Bois ce soir là, toute en nuances…
L’exposition « l’univers du blues » et de nombreux documents encerclent les spectateurs dès leur arrivée. Impossible d’échapper à cette emprise…d’autant que Roland Tchakounté a déjà pris place.
Roland est venu nous parler de son parcours personnel et musical. Il évoquera aussi ce que représente pour lui le blues aujourd’hui.
Il a grandi au Cameroun, pays longtemps « bousculé » par des conflits, parfois sanglants qui ont laissé plus de traces qu’il n’y paraît. Des massacres, des soulèvements populaires, des affrontements entre tribus ont ponctué l’histoire de ce pays qui n’aspirait qu’à l’indépendance. De tous ces épisodes, Roland ne veut retenir qu’une chose: que ce sont les évènements passés qui permettent d’envisager l’avenir de façon constructive, et surtout les changements qui permettront aux camerounais d’accéder à l’éducation, au droit à la santé et à des conditions de vie meilleures. A travers ces propos, Roland veut parler de son engagement et surtout de son attachement à son pays et à sa tribu, les Bamikélés. Pour lui, l’histoire de son peuple , c’est l’histoire du blues, car le blues appartient aux peuples en lutte (quand on n’a plus rien, il reste le blues (dans tous les sens du terme)).
Bien entendu, Roland ponctuera cet échange avec quelques unes de ses compositions comme Farafina (Afrique en bambara) qui traite de la colonisation, des promesses faites au peule. Roland Tchakounté est un chanteur qui se veut porteur d’espoir pour son pays sans pour autant se voiler la face sur les difficultés qu’il faudra affronter et non pas contourner, au risque de revenir en arrière.Les thèmes qu’il aborde sont mélancoliques , comme tout blues qui se respecte,et surtout liés à son histoire et à celle de son peuple.
Au public qui lui demande, si il écrit des chants de revendications, il répondra qu’il faut se souvenir du passé pour envisager le changement. Il invite son peuple à réagir, à produire une « révolution pacifique » en rapport avec la marche de l’histoire.
Pourquoi chanter en bamiléké ? Roland reconnait qu’il a commencé par l’anglais mais que rapidement le bamikélé c’est imposer à lui comme une évidence pour chanter du blues, quoi de plus naturel que la langue d’un peuple qui a souffert, blues roots !
La rencontre avec le blues ? un disque de Johnny Lee Hooker conseillé par un ami qui a été une véritable révélation, et dans lequel , il s’est immédiatment reconnu.
Pourquoi avoir choisi le blues plutôt que la musique traditionnelle ? pour son universalité, pour son histoire qui est liée toute entière à l’Afrique, pour ses thèmes qui restent liés encore à la souffrance d’aujourd’hui.
Pendant plus d’une heure, Roland Tchakounté par ses paroles nous a fait vivre le blues, le sentir, l’approcher, l’adopter , comprendre à quel point le blues est une musique contemporaine , ancrée dans une histoire douloureuse , malheureusement toujours d’actualité.
« C’est en allant à la rencontre de l’autre sans à priori que l’on peut s’enrichir et de fait changer la société ».
Quelques chansons plus tard et après de nombreux échanges avec le public, Roland a su nous faire comprendre ce que signifie, pour lui, vivre le blues aujourd’hui….
Un aperçu de cette rencontre ici !
Prochains rendez-vous vendredi 26 avril à la Chapelle Saint Ursin concert-rencontre avec Patrick Verbeke, vendredi 31 mai à Foëcy concert-rencontre avec Rachelle Plas.
Chaleureuse présence que celle de Roland Tchakounté !
Son blues, inspiré d’abord par John Lee Hocker, porte les couleurs de l’Afrique et les états d’âme d’une musique universelle, celle qui parle au cœur, en puisant dans les racines d’un peuple et en exprimant les difficultés du présent.
Plus humaniste que pessimiste, le blues man nous a bien montré, comme on peut le lire sur son site que « le meilleur moyen de dépasser la souffrance est encore de l’exprimer ».
La suite en musique ici : http://www.roland-tchakounte.com
Roland Tchakounté est un bluesman avec une voix chaude, à la fois puissante et douce et un jeu de guitare qui emporte. Le phrasé des paroles de ses chansons rappellent les chanteurs blues du Mississippi et nous ramène forcément aux racines africaines du blues. Le racisme ordinaire toujours subi régulièrement par le chanteur nous rappelle celui infligé par la société américaine. Une soirée pour plonger dans l’esprit blues…