Avec le printemps, revient le printemps des poètes et le temps des passeurs de poème… A vous de jouer !!! Et de partager vos découvertes avec nous !!!
La Levrette en paletot
Y’a-t-y rien qui vous agace
Comme un’ levrette en pal’tot,
Quand y’a tant d’gens su la place
Qui n’ont rien à s’mett’ su l’dos
J’ai l’horreur de ces p’tit’s bêtes,
J’aim’ pas leux museaux pointus.
J’aim’ pas ceux qui font leux têtes
Pass’ qu’iz ont des pardessus.
Ça vous prend un p’tit air rogue !
Ça vous r’garde avec mépris !
Parlez-moi d’un bon boul’dogue,
En v’la-z-un qui vaut son prix.
Pas lui qu’on encapitonne !
Il a comm’ moi froid partout ;
Il combat quand on l’ardonne ;
Et l’aut’ prop’ à rien a tout !
Ça m’fait suer quand j’ai l’onglée,
D’voir des chiens qu’ont un habit
Quand, par les temps de gelée,
Moi j’ai rien, pas même un lit.
J’en voudrais bien crever une !
Ça m’f’rait plaisir, mais j’os’pas.
Leux maît’s ayant d’la fortune,
Y m’ mettraient dans l’embarras.
Ça doit s’manger, la levrette.
Si j’en pince une à huit clos,
J’la f’rai cuire à ma guinguette.
J’t’en fich’rai, moi, des pal’tots!
Auguste de Chatillon
Texte tiré de l’anthologie « L’humour 1900 »
J’ai lu, éditions Ditis, Flammarion, 1963