Sous l’impulsion de Jacques Jouet nous nous risquons à écrire… Chacun joue le jeu…
La contrainte : un poème litanique de onze vers, commençant par un pronom puis un verbe (repris systématiquement à chaque vers) avec une rupture de la litanie sur un des vers…
Elle écrit tous les jours quelques lignes griffonnées sur un carnet à spirales
Elle écrit sur quelques feuillets posés sur le buffet en formica
Elle écrit ses gestes, ses habitudes, ses rencontres
Elle écrit sa vie
Elle écrit par tous les temps, en toute saison
Une porte claque ! Tiens les voisins rentrent
Elle écrit en attendant le retour des enfants
Elle écrit pendant que mijote le repas du soir
Elle écrit vite, elle ne veut pas qu’on la voie
Elle écrit ses pensées les plus secrètes
Elle écrit encore et encore…
Elle part un jour sur deux au petit matin me laissant seul avec la nuit
Elle part le soir venu gagner son pain il le faut bien
Elle part mais elle revient
Elle part sans moi des jours durant ça lui fera le plus grand bien
Moi, je reste
Elle part dans des délires enfantins et je la suis parfois mais de loin
Elle part pour le Nord, le Sud et l’Est tandis que moi je suis à l’Ouest
Elle part loin, loin
Elle part mais elle revient toujours
Ils marchent sous le soleil ou la pluie
Ils marchent de leur plein gré
Ils marchent en rangs serrés, venus de tous horizons
Ils marchent fiers d’être là, fiers d’être debout
Ils marchent en habitués des cortèges ou pour la première fois
Ils marchent en silence, ou bien en applaudissant et en chantant
Ils marchent avec des pancartes et des crayons levés
Mais où vont-ils si nombreux ?
Ils marchent par solidarité
Ils marchent pour défendre leur idée de la liberté
Ils marchent parce qu’ils sont tous Charlie
Je t’explique qui je suis
Je t’explique ce que je veux
Je t’explique pour que tu comprennes
Je t’explique le pourquoi
Je t’explique les choses de la vie
As-tu compris où je veux en venir
Je t’explique avec mes tripes
Je t’explique pourquoi je vais réussir
Je t’explique pourquoi j’ai cela en moi
Je t’explique la justice et l’injustice
Je t’explique ma réussite, et mon combat
Je t’explique demain, je vais gagner !
Je rêve que les choses changent
Je rêve que ce soit possible
Je rêve les yeux ouverts et le cœur serré
Je rêve en pensant que ce que je vois n’existe pas
Je rêve que la réalité n’est pas celle que je crois connaître
Je rêve d’ailleurs
Je rêve pour oublier et pour renaître
Je rêve avec espoir et confiance en l’avenir
Je rêve et je crois en mes rêves
Alors…
Je rêve
Elle pleure ses utopies envolées
Elle pleure parce que trop de violence
Elle pleure parce que trop de silence
Elle pleure, seule maintenant
Allons, il va falloir faire face
Elle pleure avec eux, avec elles, ses illusions perdues
Elle pleure pour eux, pour elles
Elle pleure et rejoue la scène
Elle pleure et se souvient
Elle pleure et se remet à penser
Elle pleure : demain, elle rira, elle vivra
Ils rêvent qu’ils vont jouer dans la neige
Ils rêvent à un monde meilleur
Ils rêvent à l’amitié
Ils rêvent à de nouveaux voyages
Ils rêvent aux parents immortels
Ils rêvent à une société plus juste
Ils rêvent que la nature soit préservée
Ils rêvent de devenir quelqu’un
Ils rêvent d’avancer ensemble
Mais tout autour d’eux dit le contraire
Ils rêvent que l’avenir soit moins morose
Nous verrons le jour poindre parmi les nuages
Nous verrons la lune disparaître
Nous verrons la foule envahir la ville
Nous verrons les lumières s’éteindre
Nous verrons le fourmillement des voitures sur les routes
Nous verrons l’arbre ployer sous la tempête
Nous verrons le navire disparaître et revenir sur la mer déchaînée
Nous verrons la montagne blanchie s’incruster dans le ciel
Nous verrons la valse des étourneaux avant qu’il se couchent
Nous verrons la vie
Mais savons-nous voir au-delà
Certains rêvent de connaître les mots
Certains rêvent de savoir les organiser, les combiner, les manier
Certains rêvent d’écrire
Certains rêvent d’aventures, de voyages, de rencontres ordinaires et extraordinaires
Certains rêvent d’écrire pour s’évader
Certains rêvent de voyager par les mots et au-delà de ces mots
Certains rêvent même que les mots peuvent changer leurs destins
Certains rêvent de partager ces mots
Certains rêvent d’ailleurs tout simplement
A quoi aspirent-ils chacun et tous ensemble ?
Certains rêvent…
On imagine vivre
On imagine un temps sans loups
On imagine un monde sans tempêtes
On imagine des voyages sereins
On imagine des amours complices
On imagine des amitiés solides
On imagine des voix douces et réconfortantes
On imagine des éclats de rire
On imagine une vie tout simplement
Mais je n’ai plus d’imagination
Je balance, Je balance
Je balance sur mes rêves
Je balance dans les airs
Je balance entre imaginaire et réel
Je balance autour du monde et suis sur un nuage la courbe du ciel
Ciel d’orage, sang, chair et brisures
Je balance en équilibre
Je balance amoureusement
Je balance broyés par ce temps d’ignorance
Je balance au cœur du monde
Je balance pour vivre pour créer la courbe de l’avenir
Il poétise depuis qu’il est tombé en amour
Il poétise… depuis toujours
Il poétise nuit et jour
Il poétise en solitaire et sans vers
Il poétise en groupuscule oulipien
Il poétise dans le métropolitain
Il poétise les quidams des magasins
Il poétise le bottin de l’Ain
D’aucun pense qu’il est vraiment perché
Il poétise le temps et le vent
Il poétise l’humanité.
Tu penches
Tu penches sous les airs marins
Tu penches ta joue au bambin
Tu penches pour moi et je m’épanche
Tu penches avec l’âge
Tu penches trop, dit ton ange-gardien
Tu penches et t’inclines sous l’arbre
Tu penches au rythme de ton cœur
Tic-tac, tu vois bien les flaques
Tu penches au soleil qui te fait de l’œil
Tu penches pour un monde meilleur
Avec la participation de Françoise, Annie, Elisabeth, Claire, Marise, Isabelle L., Jean-François, Boris, Marie-Jeanne, Christine L, Thomas, Véronique G, Christine P., Isabelle R., Véronique F, Anne, Kathie