JPod de Douglas Coupland, trad. de l’anglais (Canada)
Il faut bien le constater, le jeune Ethan, ne dispose pas des atouts les plus faciles pour réussir dans la vie : une mère qui cultive certaines substances illicites et qui se débarasse de ses amants de façon radicale, un père qui rêve d’obtenir enfin le grand rôle de sa vie ou de gagner les concours nationaux de danse de salon, un frère agent immobilier qui copine avec des pratiques maffieuses… Et lui, il est geek… Il travaille pour JPod à concevoir le futur jeu vidéo « incontournable » avec ses 6 collègues qui n’ont rien à envier aux déviances familiales : par exemple John Doe, que sa mère a nommé corbeau (sans majuscule… parce que la majuscule induirait une hiérarchisation des lettres et que c’est impossible dans une société égalitaire…) ou Kaitlin la petite amie qui s’est lancé dans des cours du soir à l’université et qui en profite pour interviewer sans relâche tous les proches d’Ethan tout en inventant la machine à calins.
Et tout ce petit monde s’agite dans tous les sens : meurtres, défis idiots et souvent ridicules, voyage en Chine, univers impitoyable des sociétés informatiques. « Telle est l’existence d’un jeune informaticien rêvant de devenir un véritable assistant de production : tu essaies de constituer une sélection de tableaux imaginaies en C++ pour apaiser la colère d’un lèche-bottes du développement… »
Ca part dans tous les sens sur un rythme échevelé… C’est drôle et complètement déjanté… Quand, en plus, l’auteur du roman apparait comme Deus ex Machina, tous les repères explosent… A l’image du rire incontrôlable qui nous saisit !
Quand j’serai grande, je sais déjà que je ne veux pas être geek… « Je viens juste de prendre conscience que nous, JPoders, sommes en train de devenir complètement différents du reste de nos collègues. Nos excentricités s’accentuent tandis que les non-JPoders semblent de plus en plus… normaux. Je me suis aperçu que les autres employés de notre âge ont des hobbies, des partenaires légitimes et, plus inquiétant encore, des enfants. Au lieu de rester ici toute la nuit, ils quittent les locaux, se déplacent à vélo, ont une nourriture saine, discutent d’activités qui ne sont pas liées au boulot, font un somme et retournent travailler le lendemain… pas le soir même ! Les plus anciens ne prennent même pas la peine de venir le week-end… »
Toute ressemblance avec des geeks de notre connaissance serait… (clin d’oeil à 22MARS)
Non seulement je ne veux pas devenir une « geek » (et de ce côté là y-a pas trop de risques) mais je me demande si j’aurais l’envie ou la curiosité de plonger dans cet univers déjanté de Douglas Coupland ? En tout cas tu as bien su nous « titiller » dans cette chronique !