Rouge Argile. Virginie Ollagnier. Edition Liana Levi.
Quand Rosa apprend le décès de son père adoptif Egon Baum, elle part au Maroc sa terre natale à Sejâa.
C’est l’occasion de retrouver sa maison d’enfance avant de finaliser la succession, de se débarrasser de cette terre qui l’encombre.
Ce passé colonial qui lui pèse elle veut s’en débarrasser en rendant la terre au fils de sa nourrice Mehdi qui a toujours secondé Egon dans la propriété.
Mais rentrée à la maison, la voilà assaillie par des vagues de souvenirs, submergée par la présence forte d’Egon encore là,dont elle a la vision en permanence.
Le temps du deuil est venu mais les houles de souvenirs l’emportent, l’ébranle,toutes ses certitudes vacillent se lézardent.
Les sentiments qu’elle porte à sa vieille nounou Shérifa le retour de Monde, sa marraine, la chaleur,les odeurs, les parfums, les épices, le khôl, toutes ces couleurs et la chaleur dilatent son esprit longtemps engourdi dans un mariage bourgeois, pesant, fait de silence avec un mari absent.
Le nouveau contact avec son Maroc natal joue comme un renouveau.
Ce deuil brutal ,un électrochoc, paradoxalement c’est comme un retour à la vie, du moins à ce qui en fait l’intensité, la joie, le plaisir.
Pourtant elle devra faire face à des secrets de famille, qu’elle découvre dans la maison. C’est pour elle totalement inattendu.
La voix d’Egon rythme le récit s’emmêle et s’entremêle à celle de Rosa, et c’est au cœur de cette maison accompagnée de ses proches dans une tendre complicité qu’elle décide de faire de nouveaux choix.
On retrouve ce que j’avais aimé dans « Toutes ces vies qu’on abandonne », des silences, la tendresse, la douceur, la chaleur, la sensualité, une attention aux autres.
Un récit tout en subtilité, comme un vol suspendu d’où la densité n’est pas absente.