Rentrée littéraire Automne 2010 : Nagasaki de Eric Faye


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 Nagasaki est un récit court (107 pages), ce qui ne surprend pas d’Eric Faye, coutumier des nouvelles depuis quelques années.
Le narrateur n’a rien d’un héros : ce célibataire quinquagénaire travaille dans une station météo, ne reçoit quasiment jamais personne chez lui, dans son antre où les rituels de la vie quotidienne rythment le temps.
Le premier grain de sable qui va bouleverser sa vie est une brique de jus de fruit dont le niveau a baiss é de manière inexplicable ! risible ?, dérisoire ? Non pas du tout car les disparitions d’aliments et les déplacements d’objets sont ressentis par Shimura-san comme des viols .
Bientôt, à l’aide d’une webcam, il va identifier l’intrus ou plutôt l’intruse qui s’est introduite chez lui pendant son absence : il s’agit d’une femme de 58 ans, chômeuse et sans domicile qui est venue squatter sa maison ; dès qu’il rentrait du travail elle se cachait dans le placard à futons.
Bien sûr, elle sera arrêtée, jugée et emprisonnée pendant que Simura-san verra son petit univers tranquille se fissurer : il se remet à fumer, accompagne ses collègues dans un bar après le travail, pendant des heures il songe à son inconnue clandestine et pleure sur sa vie ratée.
Ces pages écrites avec sobriété peuvent déclencher des tempêtes intérieures chez le lecteur tant elles sont fortes…
Mais, à partir de la page 75, Eric Faye nous donne le point de vue de la femme ; bien que son histoire soit poignante et qu’on découvre avec intérêt pourquoi elle a trouvé refuge précisément dans cette maison, une distance se créée entre l’auteur et le personnage (il dit « elle » et non « je »), ce qui, à mon avis, affaiblit le récit. Quand on referme le roman on ressent comme une frustration (voulue par l’auteur ?)

Une chronique rédigée dans le cadre du partenariat avec Les Chroniques de la Rentrée Littéraire

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