Rentrée littéraire Automne 2010 : Nos coeurs vaillants de Jean-Baptiste Harang


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Nos cœurs vaillants de Jean-Baptiste Harang chez Grasset

Souvenirs, souvenirs… l’auteur Jean-Baptiste  Harang se lance dans l’écriture pour ne pas oublier, sur le conseil de son cousin psychiatre. Dans ce roman il est question de mémoire, cette mémoire  des souvenirs qui n’en fait qu’à sa tête.

Je n’ai pas la mémoire des souvenirs. Aucune prise sur ce qu’elle retient, encore moins sur ce qu’elle décide d’expédier dans les limbes de l’oubli.. »

Il égrène ses souvenirs de jeunesse, des années 50, quand à l’âge de 6 ans il allait au patronage, à l’époque où un gamin de cet âge pouvait encore aller dans les rues de Paris sans être importuné… Paris, son quartier qui défile dans sa mémoire, le patronage, à l’enseigne des Coeurs Vaillants (mouvement lié à l’Eglise proche du scoutisme)

Et puis rythmant cette jeunesse, ces 6 semaines annuelles dans le Jura. D’abord colon puis directeur pédagogique de ce centre de vacances.

Jean-Baptiste Harang nous fait revivre ses années de façon assez brouillonne comme l’est sa mémoire, mais il garde la chronologie de son premier séjour à ses dernières visites bien après la fermeture de l’établissement. L’ambiance de ces colonies,  l’impact que cette éducation a pu avoir sur la vie d’un homme, dans ses souvenirs. Nous sommes à des années lumière de ce que l’on connaît aujourd’hui, d’autres jeux plus « virils », d’autres règles, des punitions d’un autre monde qui faisaient en sorte que l’enfant fasse une expérience et grandisse, comme traverser en pleine nuit les forêts du Jura pour aller chercher dans une autre paroisse le vin de messe que les enfants avaient eu la mauvaise idée de boire. Entre la peur du noir, la peur des bruits de la forêt, les larmes retenues ou cachées.

Bien sûr les relations entre adultes et enfants étaient bien différentes de celles d’aujourd’hui. Les conditions de vie, l’hygiène, pas d’eau courante, pas d’électricité, une autre époque… On y rencontre des personnages pittoresques, ruraux, des enfants comme des adultes, témoins de ces années d’après guerre.

Un jour il reçoit une lettre anonyme d’une  personne  qui lui reproche de ne pas avoir  cité dans un précédent roman « les spaghettis d’Hitler ». Le contenu de cette lettre et les sous-entendus vont replonger l’auteur dans ces années.

Entre un abbé qui prend les petits préférés, les CB ou culs bénits sur ses genoux et leur mordille les oreilles, et l’allusion de ce camarade sur des « relations » particulières qu’ils auraient pu entretenir.

– « J’y vécus les dix premières années dans l’ignorance du monde et nos amours ne pouvaient avoir d’objet que nos camarades ou bien les adultes qui nous encadraient ».

Le spectre de la pédophilie plane, et qui est l’auteur de cette lettre ?

A t-il pu oublier tout ça, est-ce vraiment la réalité ?

Si j’ai eu du mal a entrer dans ce livre, à savoir où voulait nous emmener l’auteur, j’ai plongé dans ces monts du Jura, dans ces jeux d’enfants d’un autre monde,  dans ses réflexions d’adulte  face à ses souvenirs,  son retour sur les lieux pour écrire ce livre,  à ses questions soulevées sur l’amitié, les relations que l’on garde avec son enfance, l’oubli vontontaire de certains passages…  Les conséquences d’un drame des années 70 dans une boîte de nuit, où il aura fallu la mort de 144 enfants brûlés vifs, pour que les autorités se penchent sur les locaux destinés à l’accueil des publics, et de là, la fermeture d’établissements comme la colonie, et la création de centre plus douillets …

Et pour finir cette réflexion dans la dernière page du livre ou Jean-Baptiste Harang cite Guy Debord : La jeunesse est un état passager. La vie aussi,  à peine plus long, mais à force de trop lorgner sur le premier, on risque de laisser filer l’autre comme si de rien n’était.

En partenariat avec Pages des libraires


A propos de martine gallois

De formation comptable, je suis passée dans le monde de la littérature par les contes, en passant mon Bafa. A la DLP 18 depuis le 1er septembre 1996, j'ai eu la chance de pouvoir effectuer des fonctions très différentes et toutes très enrichissantes. Prêt au public à l'annexe, participation au groupe formation animation, gestion des marchés publics et de la comptabilité, conteuse...

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