Rentrée littéraire automne 2013, « La cravate » de Milena Michiko Flasar


Image livre La cravate

Taguchi Hiro, jeune homme de vingt ans, muré dans son mutisme et dans sa chambre depuis deux ans, atteint d’une pathologie psychosociale et familiale appelée « hikikomori » au Japon, décide de sortir. Il se rend dans le parc en face de sa maison…

« Hier comme aujourd’hui, mon but était d’être seul avec moi-même. Je ne voulais rencontrer personne .Rencontrer c’est s’impliquer… » Son impuissance face aux évènements de la vie, la pression scolaire, cette angoisse dévorante «  d’être rien » l’ont conduit à déserter la société.

Dans ce parc, OharaTetsu, la cinquantaine, « salaryman »  assis sur un banc, vêtu d’un costume et arborant une belle cravate, y passe la journée quelque soit le temps… Il a été licencié mais fait semblant d’aller au travail, n’osant avouer son licenciement à sa femme, par peur du jugement ….

Taguchi et Ohara vont s’attendre et s’apprivoiser un peu plus chaque jour. Ils se confient  secrets, joies, renoncements, souvenirs,  blessures intimes et profondes… Par touches  homéopathiques, ils se soignent l’un, l’autre.

« Nous sommes forcément, chacun de nous, parents les uns des autres »

Cette fiction traite de sujets graves : solitude, repli sur soi  et  manque d’estime, suicide, deuils à accomplir,  lâcheté,  rêves brisés…Ces thèmes décrivent la société actuelle impitoyable (voire inhumaine…) qui laisse sur le bord du chemin les plus faibles (autrefois  au Japon, l’emploi : shûshin koyo était  garanti à vie…)

Deux histoires singulières, deux êtres, deux générations, l’un s’est exclu lui-même, l’autre a été exclu.

Faut-il voir dans la cravate, un symbole, l’accessoire vestimentaire qui peut se nouer jusqu’à l’étranglement ?…En tous les cas une belle histoire d’amitié qui délivre un message d’espoir !…

A noter l’écriture incisive, subtile, «à la nipponne » peut-être, façon haïku que révèle l’œuvre de Milena Michiko Flasar, née en 1980 à St Polten, de mère japonaise et de père autrichien. Elle vit à Vienne où elle a étudié la littérature comparée et la philologie germanique et romane. Ce roman est traduit de l’allemand par Olivier Mannoni.

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