Dans la mer il y a des crocodiles, l’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari de Fabio GEDA, aux éditions Liana Levi
Le périple d’ Enaiatollah de Quetta au Pakistan, à Turin en Italie.
Dans cet ouvrage , Fabio Geda nous rapporte le témoignage, l’histoire vraie du voyage de cet enfant du Pakistan qui doit fuir son pays pour survivre.
Originaire de Nava, village d’Afghanistan, il est Hazaras, peuple mongol, ethnie persécutée par les Talibans, et les Pachtounes.
Dicton taliban : Aux Tadjiks le Tadjksistan, aux Ousbecks,l’Ouzbekistan, aux Hazaras le goristan, gor voulant dire « tombe ».
A l’âge de 10 ans, la maman d’Anaiat le fait sortir d’Afghanistan pour échapper à son terrible destin ‘la mort’.
Au Pakistan, il se retrouve seul. Pour un peu de nourriture et un toit pour dormir, il doit travailler du matin au soir, à faire les tâches les plus ingrates comme vider les égouts qui débordent.
Son oxygène, regarder quand il le peut les enfants de l’école qui jouent dans la cour.
Dans la rue, il fait la connaissance d’un autre enfant de son âge, Soufi, et tous deux vont partir pourl’Iran.
Les trafiquants passeurs qui les prennent en charge leur offrent le »voyage » contre quatre mois de travail.
Eniait va travailler dans des métiers comme le bâtiment ou dans une carrière, à effectuer des tâches plus pénibles les une que les autres.
Sa vie alors se résume à de lourds travaux, des brimades, des coups, des blessures, des expulsions et des retours, et sans cesse la peur au ventre d’être à nouveau repris et expulsé, mais aussi les parties de foot, la montre qu’il s’achète et que les policiers lui volent…. et ce, jusqu’au jour, où on lui tire dessus, il en réchappe et décide que là ça suffit, il faut qu’il parte.
Alors il prend avec 77 autres clandestins d’ethnies, de races, de pays différents, la route vers la Turquie, dans des conditions qu’on ne peut pas imaginer. 27 jours de marche dans le froid, dans des conditions inhumaines, 12 personnes n’arriveront jamais…
Après la Turquie, la Grèce, la traversée en canot pneumatique, de cette mer où il pourrait y avoir des crocodiles !
Puis l’Italie… Est-ce sa volonté de vivre, est-ce de la chance, Enaiat aura rencontré pendant ces 5 années, des personnes riches de cœur, et des monstres…
Ce récit n’est jamais larmoyant, parfois même, l’humour a sa place, les faits sont racontés sans commentaires de l’auteur, à la première personne, c’est l’enfant qui parle. Fabio Geda donne juste quelques précisions géographiques, ou des détails sur les coutumes et modes de vie de ces peuples qui semblent vivre sur une autre planète tant le décalage avec notre quotidien est immense.
Quelques apartés, où l’auteur questionne l’enfant sur les points précis, coupent le rytme.
Je me suis laissée embarquer dans l’aventure et bien que sachant qu’il s’en sortirait , je me demandais toujours que va t-il lui arriver, comment va t-il s’en sortir ? Quelquefois je me suis laissée emporter par l’histoire comme dans un roman, cela m’arrangeait bien pour « vivre » ces douloureuses expériences qu’a vécues Enaiatollah Akbari.
Quelle leçon de courage ! merci Martine de nous avoir fait partager ton émotion.