Pascale Kramer : Un Homme ébranlé, Mercure de France
Les forsythias sont en fleurs, les oiseaux font leur nid, ça ressemble au printemps. Mais pour Simone, c’est déjà l’automne, l’heure des bilans et des « trop tard ».
Claude, son compagnon depuis 10 ans, s’englue peu à peu dans la maladie, il sent la mort se rapprocher ; pourtant il avait enfin accepté la chimiothérapie pour avoir le temps de s’occuper de Gaël, un fils caché longtemps, et que sa jeune mère leur a confié pour quelques jours.
Mais Claude ne parvient pas à créer un véritable lien filial avec Gaël, comme il n’avait pas réussi autrefois à juguler la violence des jeunes dont il était l’animateur sportif.
Cédric, le fils aîné, est le seul qui pourrait être heureux avec sa charmante femme Yolande et sa petite fille Aude ; pourtant lui aussi a du mal à se rapprocher de son père qu’il a peu vu durant son enfance , conséquence du divorce chaotique de ses parents.
L’été succède au printemps, le temps est doux puis chaud et orageux, on ne peut plus croire à une issue positive…Simone observe comme au microscope la défaite des corps, elle ne parvient plus à aimer cet homme ébranlé et elle ne s’autorise pas à aimer ce garçon grassouillet si attachant. On en vient à attendre la « fin » avec impatience et la dernière phrase du roman est un véritable soulagement.
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Pascale Kramer, que j’avais découverte avec » l’implacable brutalité du réveil », manie la langue avec une brutalité poétique ; elle excelle dans la métaphore insolite et les raccourcis surprenants ; son écriture ressemble un peu à la vie : fugace, ardente, amère et belle.