Comme son nom ne l’indique pas, Louis de Bernières est britannique et à la lecture de « Un immense asile de fous – Récits d’un village anglais », on ne s’y trompe pas.
« La Grande Bretagne est vraiment un immense asile de fous. Nous avons une conception très souple de la normalité. Sous certains aspects nous sommes rigides et formels, mais nous croyons au droit à l’excentricité, à condition que les excentricités soient de taille. Nous ne sommes pas très tolérants envers les petites. Malheur à vous si vous tenez mal votre couteau, mais bonne chance si vous portez un pagne autour des reins et si vous vivez dans un arbre. »
Ce roman est une succession de tableaux, dans lesquels les personnages sont dépeints comme, je dirais, classiques et qui, au fur et à mesure de la lecture deviennent plus excentriques, très anglais en fait.
Ces tableaux se superposent. D’une histoire à l’autre, on aperçoit les personnages précédents en arrière-plan, ou alors la même aventure, vue sous l’angle d’un autre protagoniste. C’est ainsi que vous pourrez croiser : Mrs Mac qui sort se promener en tenant son mari par le bras, paie deux tickets dans le bus, prend le thé avec lui puis va sur la tombe de ce dernier … ; Alan, John et Sylvie confier leurs sentiments,… à George, qui n’est autre qu’une araignée qu’ils bichonnent… ; le sauvetage et la vie de Lizzie, le freux de Robert ; les amours maudites de Bessie et Piers, et bien d’autres qui composent ce village. Et, vous deviendrez aussi expert en pêche au brochet, en golf, en musicologie, en traque des taupes et en sauvetage d’oiseaux tombés du nid.
Cela se passe dans une Angleterre dont je n’ai pas tout à fait situé la date, car laissée flou par l’auteur volontairement, en tout cas, d’avant que les villages ne soient peuplés d’habitants qui « psychologiquement (…) sont des citadins ».
Ce livre m’a beaucoup plu par son humour très anglais, ses descriptions de personnages truculents, cette ambiance très « british ». On sent presque l’odeur du thé. Et même si certaines scènes étaient un petit peu longues, grâce à cette mosaïque de tableaux, on rebondit vite dans une autre scène.
Mais comment s’appelle, donc ce village ?
« Notwithstanding », qui se traduit par « qui ne résiste pas ». Funny, isn’t it ?*
*les lecteurs de Chermédia comprendront la « private joke » au cours des mois à venir …
La lecture de cette chronique me donne vraiment envie de découvrir cet asile de fous (et plus on est de fous, plus on rit, non ?)et de « résister » par l’absurde !