Dinaw Mengetsu, Ce qu’on peut lire dans l’air, Albin Michel, 2011.
Les Etats-Unis, deux couples à la dérive, que trente ans séparent…
Le narrateur, Jonas, s’éloigne lentement de son épouse Angela, avocate à New-York. Ils sont tous les deux enfants d’immigrés et se sont connus dans une association d’aide aux sans-papiers. Alors qu’Angela a coupé les ponts avec sa famille et concentre toute son énergie dans sa réussite professionnelle, Jonas ressasse un passé douloureux qui le rend vélléitaire.
Le père du narrateur a quitté l’Ethiopie à la fin des années 1970 pour des raisons politiques. Laissant son épouse derrière lui, il a gagné l’Europe puis les Etats-Unis. Trois années de solitude et de clandestinité l’ont broyé et quand sa femme le rejoint en Amérique, la violence qui le ronge ne tarde pas à éclater. L’incident aura lieu sur les routes du Midwest, qui devaient mener le couple pour un voyage en amoureux à Nashville.
Le roman, habilement construit, fait alterner les épisodes de la vie de Jonas et Angela avec l’histoire de Yosef et Mariam. Il ne faut pas y chercher une description précise des malheurs de l’Afrique ou de la condition des immigrés aux Etats-Unis. Dinaw Mengestu s’intéresse aux dégâts que cause le déracinement au plus profond des êtres. L’humour allume quelques sourires mais la mélancolie domine. Le bonheur trouvé dans le couple paraît bien fugace. A travers son héros affabulateur, qui se réinvente un passé à partir de bribes, l’auteur invite à miser davantage sur la fiction, capable de nous réconcilier avec nous même et de nous faire comprendre les autres.
A retrouver ici, une interview de Dinaw Mengetsu