Dans ce premier roman sont évoqués les souvenirs croisés de deux femmes étalés sur cinq générations.
Juliette est arrivée au bout de sa vie. Alors qu’elle s’enfonce lentement dans la torpeur de la mort, elle se souvient : petite fille, à cause d’une marche dans l’hiver glacé et au manque de soin des sœurs qui la gardent, elle perd ses doigts de pieds. De cet épisode, elle gardera toute sa vie une rancœur contre la bêtise et contre sa mère qui l’a placée en nourrice. De là se construit toute sa vie : son père mort pendant la première guerre mondiale, son mari tué lors de la seconde, sa fille unique élevée dans des conditions difficiles, sa joie d’être grand-mère et arrière grand-mère, et enfin, ses derniers moments à la maison de retraite.
En écho lui répond Fanny, son arrière petite fille. Trentenaire, venue veiller sur les derniers instants de son aïeule, elle déroule également le fil de ses souvenirs. Elle l’interpelle lorsqu’elle évoque les moments communs, s’interroge également sur sa vie et celle de sa fille Myléna, à qui elle passera le flambeau des femmes de la famille.
A cinq générations d’écart, les destinées de ces femmes se mêlent, s’emmêlent, bifurquent pour en faire le creuset de l’histoire familiale.
Si la mort est omniprésente dans ce roman, elle n’est en aucun cas pesante : elle fait partie du fil de la vie, épreuve nécessaire pour profiter pleinement du moment présent.
Très belle découverte que ce court roman qui se lit d’une traite. Certains pourront même retrouver une partie de leur histoire familiale. L’alternance des souvenirs de Juliette et de Fanny donnent du rythme au récit, et le parti-pris de changer la typographie en fonction du narrateur s’avère être un choix intéressant.