Entre conte folklorique et roman initiatique, et pourtant ancré dans un réel douloureux, « La Femme du tigre » (publié chez Calmann-Lévy) nous entraîne dans un pays des Balkans… Natalia, médecin, est chargée d’aller vacciner les enfants d’un orphelinat, de l’autre côté de la frontière. En s’y rendant, elle apprend la mort de son grand-père dont elle était très proche… Elle va se rendre à l’hôpital où il est mort, pour récupérer ses affaires (elle doit le faire rapidement pour se conformer au rite immuable des quarante jours de l’âme) et se souvenir des histoires incessantes qu’il lui racontait durant toute son enfance… Et notamment celle de la « femme du tigre », une figure féminine bouleversante : comment cette femme, sourde, muette et battue par son mari Luka le boucher réussira-t’ elle à échapper à un destin que l’on imaginait tragique ? Ou celle des éléphants croisés en pleine nuit d’hiver au cœur même d’une ville d’Europe détruite par la guerre et la famine. Ou celle de l’homme qui ne mourra pas, victime d’un sortilège qui lui permet, en un coup d’œil de savoir si son interlocuteur est, lui, proche de la mort…Au delà de ces histoires personnelles et collectives, la dénonciation de la guerre traverse tout le roman avec une force puissante.
Oscillant constamment entre passé et présent, entre réel et imaginaire, entre modernité et tradition, ce roman a reçu le Prix Page des Libraires en septembre 2011. Téa Obreht a 25 ans, son écriture est incroyablement riche, musicale et foisonnante. A découvrir absolument !